Blog : avril 2009

Ma maison est en cartons

Déménagement ce samedi. Coupure d’Internet probable dès ce jeudi après-midi. A J-3, je passe mon temps à faire la navette entre les deux appartements avec l’impression que mes repères ont déjà commencé à être  chamboulés. Lundi soir, j’aurai rendu les clés du studio que j’occupe depuis neuf ans et où je ne suis déjà plus chez moi. J’ai du mal à mettre des mots sur tout ça, je sais juste que j’attends samedi impatiemment et que ce nouvel espace commence vraiment à ressembler à ce que j’imagine depuis trois mois. La peinture est terminée et rend exactement comme je l’espérais. Premiers meubles livrés ce matin. Ce qui était encore un espace vide hier commence à devenir habitable. J’ai un lit, une armoire, deux tables et des étagères. En attendant samedi, j’apprivoise le quartier tout autour.

A propos de quartier, c’est lui qui a dicté le choix de la première chanson écoutée dans le nouvel appart en attendant la livraison des meubles. Je parlais récemment avec un fan de musique pas moins geek que moi (qui se reconnaîtra s’il passe dans le coin) du rituel consistant à baptiser un nouveau logement en choisissant soigneusement la première chanson. Je pensais que ce serait Joni Mitchell ou David Bowie, finalement ça a été Ironbound de Suzanne Vega. Cette description d’un quartier new-yorkais vu sous un angle légèrement exotique (notamment à travers le détail des femmes portugaises qui fréquentent le marché) me rappelle le rapport que j’entretiens actuellement avec mon nouveau quartier. On verra ce qu’il en restera dans quelques mois, quelques années.

Reste encore le gros coup de panique des cartons à terminer. Je ne sais pas comment je vais m’en sortir en à peine 48h, mais il faudra bien.

Rendez-vous là-bas quand j’aurai retrouvé le Net, donc.

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Eleni a la poisse (une fois de plus)


 

Ça se confirme décidément à chacun de ses passages en France, mais je n’ai jamais vu d’artistes qui aient autant la poisse qu’Eleni Mandell. Ça en devient intrigant. Comment expliquer autrement le fait qu’elle ait joué hier aux « Femmes s’en mêlent », en tête d’affiche, devant une salle quasiment vide alors que ladite salle était comble pendant le set de Those Dancing Days, dont le public n’a même pas eu la curiosité de rester voir quelques minutes à quoi ressemblait le dernier set de la soirée. J’ai échangé un regard dégoûté avec une amie qui est aussi fan que moi d’Eleni Mandell et avec qui on a souvent parlé de ce manque de bol persistant – l’air de dire « C’est pas vrai, ça recommence. »

 

Je me suis déjà étendue sur le sujet ici et ailleurs, mais il y a un malentendu persistant et assez inexplicable : il ne fait absolument aucun doute qu’il existe un public et un marché pour sa musique en France, mais la rencontre ne se fait pas. Il y a eu un buzz naissant après son passage renversant aux « Femmes s’en mêlent » en 2003, le concert où je l’ai justement découverte, mais ça n’est pas allé plus loin. A chaque concert, de nouveaux convertis se précipitent (comme je l’avais fait en 2003) au stand marchandises pour acheter ses albums en se promettant de la suivre de près. Mais une année après l’autre, elle n’assure que des premières parties ou joue dans des salles vides. Pour la voir se produire dans de bonnes conditions et devant un public connaisseur et attentif, il avait fallu que j’aille à Bruxelles en 2007. Mais ici, rien à faire. Quand je pense qu’il s’agit de la même personne dont les morceaux retiennent systématiquement l’attention quand je fais écouter à des amis des compils d’artistes variés (on me demande quasiment toujours de qui il s’agit), ça me laisse songeuse. Pauline ou Snake Song sont des tubes, mais connus à peine d’une poignée d’initiés.

 

Et Pauline, hier soir, ça déchirait toujours autant. Le concert avait pourtant mal commencé. La faute à un son épouvantable qui noyait la voix dans une bouillie sonore. Ce qui fait tiquer dans la mesure où c’est la voix d’Eleni, avant toute chose, qui retient l’attention sur scène. Mais je sais, d’expérience, qu’avec elle c’est toujours quitte ou double. Une fois sur deux, c’est en dents de scie – début hésitant, final superbe. Et une fois sur deux, on ramasse sa mâchoire et on se prend en pleine figure un spectacle d’une intensité constante de bout en bout, le genre de concert dont on se souvient longtemps. Hier, c’était la première option. Sur un morceau comme Artificial Fire, j’ai eu l’impression d’un vrai gâchis, dans la mesure où les gens qui l’entendaient pour la première fois, à cause de ce son approximatif, ont dû passer totalement à côté de la mélodie entêtante qui fait tout le sel du morceau (cette même mélodie qui m’avait tellement scotchée quand je l’avais découverte en live, en solo acoustique, dans la même salle un an plus tôt). Mais dès le premier morceau en demi-teinte, Dreamboat, l’ambiance s’est enfin installée et le reste du concert a été très beau. J’ai toujours une nette préférence pour les morceaux où les arrangements restent en retrait derrière la voix – voire ceux qu’elle joue en solo, comme Home qui me file toujours la chair de poule. Tout ce qu’on peut faire de plus poignant en matière de country mélancolique est contenu dans ce morceau.

 

J’ai l’impression de tenir les mêmes propos chaque fois qu’Eleni Mandell sort un album ou se produit en France. Ça fait maintenant six ans que l’énigme de sa non-rencontre avec le public français me sidère. Si ce n’est pas de la poisse caractérisée, je ne sais pas comment qualifier le phénomène. Je n’imagine même pas à quel point elle doit trouver ça usant, une année après l’autre, de devior toujours faire ses preuves. Et depuis tout ce temps, le public français ne sait pas à côté de quelles merveilles il passe.

 

Tentative d’illustration par cette version live de Nickel-Plated Man dont on a entendu une version magnifique hier soir. Ça ne vous dira pas à quel point l’instant était beau – aucune vidéo ne rend justice à l’intensité de ses concerts. Mais ça vous donnera peut-être une petite idée.


 

 

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Petite définition de l’enfer

Version moderne du rocher de Sisyphe ou du tonneau des Danaïdes : essayer de faire tenir toute sa collection de livres dans une série de cartons. Quand y en a plus, y en a encore. Les morts ont leurs artères, disait Clive Barker ; les livres doivent avoir leurs passages secrets. Je ne sais pas où ils se planquaient pendant tout ce temps. Et je ne veux même pas penser au déballage.


A J-10, mon appart commence à ressembler à une version cartonnée du Réseau qui envahissait la ville d’Urbicande dans la série des Cités obscures
.

 

Et je ne dois pas être aussi girlie que je le pensais, finalement : une partie déjà conséquente de ma garde-robe tient dans trois malheureux cartons. Les livres, par contre…

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Des gaufres, des piments, des dragons

 

Il est probable que je me fasse plus rare ici dans les semaines qui viennent. Ça fait plusieurs fois cette semaine que je repousse le moment de rédiger une entrée, alors que je passe mon temps à me dire « Tiens, je pourrais poster pour parler de ça, ça ou ça. » De Trolls et Légendes où je me suis bien amusée et où on a enchaîné les tournées de gaufres avec mes voisins Laurent Genefort et Anne Guéro (et où j’ai croisé Mad-Eye Moody et Bellatrix Lestrange tout droit sortis de Harry Potter, cf photo ci-dessus). De la saison 1 de Dr House qu’on m’a offerte récemment et à laquelle j’accroche vraiment bien pour l’instant, quoique certaines scènes ne fassent pas bon ménage avec ma phobie des aiguilles (je profite de l’occasion pour remercier mon généreux donateur s’il passe dans le coin). Du cinquième Kelley Armstrong, Haunted, qui est excellent et sur lequel je fais pas mal d’heures sup pour prendre de l’avance (en accéléré, comme j’ai très envie de connaître la suite). Du fait que j’aie finalement lâché mes lectures en cours pour me replonger dans Le cœur est un chasseur solitaire qui est aussi beau dans mon souvenir – je suis particulièrement touchée par les scènes où la jeune Mick Kelly va s’asseoir devant les maisons des autres, les nuits d’été, pour y écouter la radio et découvrir avec émotion Mozart et Beethoven, Mick Kelly qui rêve d’un piano que sa famille n’aura jamais les moyens de lui offrir. Entre parenthèses, j’ai des fringales de relectures de classique anglophones lus à l’adolescence. Je viens de me commander Les Hauts de Hurlevent. Ado, j’avais adoré la violence et la cruauté de ce roman, je me demande s’il me parlera encore autant.

 

Et à part ça, je suis officiellement propriétaire de mes nouveaux murs depuis mercredi. Je pensais que la signature chez le notaire ne serait qu’une formalité, mais c’est un moment fort qui tient beaucoup du rite de passage. Très clairement, il y a un avant et un après. L’après a consisté à retourner seule apprivoiser ces nouveaux murs totalement vides, encore sales et criblés de trous (les travaux de peinture commencent cette semaine), mais dont je peux désormais faire tout ce que je veux. Je crois que je m’y sentirai bien. J’emménage dans deux semaines. En attendant, ça commence à devenir compliqué de slalomer entre les cartons dans mon studio actuel – et pourtant, je n’ai pas encore vraiment commencé à tout emballer.

 

D’ici là, il y aura une journée chargée en dédicaces le samedi 25 avril. À partir de 15h, je participerai à l’après-midi Hot pepper’s calling organisé par Charlotte Bousquet, puis à partir de 18h à la dédicace consacrée à l’anthologie Dragons, qui vient de paraître et dans laquelle je publie une nouvelle, « Dragon caché ». Comme je suis une grosse flemme, je vous donne les liens plutôt que les détails.

 

Et puis j’ai enfin trouvé un moment pour rédiger ma chronique de l’album de PJ Harvey et John Parish, que je trouve toujours aussi excellent et qui m’épate par son audance. Elle est disponible ici sur le Cargo.

 

La chanson du jour, ce sera Lhasa, sans autre raison que le fait que je me repasse en boucle cette pure merveille qu’est La Llorona depuis trois jours. Moi qui n’ai jamais appris l’espagnol, c’est le seul album dans cette langue dont je connaisse plusieurs chansons par coeur, notamment celle-ci :

Edit : évidemment, il fallait que la chanson plante, mais vous pouvez écouter la suite ici. J’apprends à l’instant que Lhasa sort justement un nouvel album ce mois-ci. Je suis en joie.

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