Blog : octobre 2009

Brève de 69

Je devais au départ rédiger une note de blog plus longue, où je vous aurais entre autres causé de la reprise du boulot et de mes lectures récentes (notamment Le Haut-Lieu et autres espaces inhabitables de Serge Lehman que je trouve assez ébouriffant) mais le temps m’a manqué. Entre deux préparatifs pour les Utopiales de Nantes où je serai à partir de jeudi après-midi, je vous recopie donc telle quelle la présentation de l’antho 69 d’ActuSF/Les Trois Souhaits où je publie une nouvelle, « Miroir de porcelaine » (titre suggéré par l’anthologiste Charlotte Volper alors que je galérais pour en trouver un) et qui devrait être disponible en avant-première aux Utopiales :

L’anthologie 69 (sous-titrée SFQ) sort officiellement le 2 novembre. Mais nous proposons à ceux qui la pré-commande une dédicace d’une bonne partie des auteurs présents au sommaire.

L’antho est en prévente à cette adresse : http://www.editions-actusf.com/?article142
La préface est en ligne ici : http://www.actusf.com/spip/IMG/pdf/PrefaceAntho69.pdf

Daylon, l’un des co-auteurs a mis à disposition sa nouvelle gratuitement sur le Net, sur son blog collectif le Moonmotel : http://www.moonmotel.fr/antho69/

La 4e de couv’: 

Des êtres synthétiques soumis à nos désirs, de l’orgasme en capsule, la radiographie du plaisir. Nos futurs nous réservent des fantasmes inédits et mystérieux…

Douze auteurs soulèvent le lourd rideau des tabous pour emprunter la voie des sens et mieux affoler les nôtres.

Sur ce, à très bientôt au bar des Utopiales pour ceux qui y seront !

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Portfolio londonien, suite

Et pour quelques images de plus : le marché de Camden, toujours, Covent Garden, le bestiaire de Hyde Park, un dîner dans un pub et un nouvel autoportrait en chambre d’hôtel (le premier depuis longtemps).

Photos triées et traitées en écoutant l’album We hear voices de Fitzcarraldo Sessions, nouveau (et excellent) projet d’anciens membres de Jack the Ripper qui se sont entourés de pas mal d’invités de marque : Moriarty, Dominique A, Syd Matters, Phoebe Killdeer, Stuart Staples des Tindersticks ou encore Joey Burns de Calexico. L’album est à la hauteur du casting : la grande classe. (Voir aussi la présentation de Vinciane sur le Cargo.)

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London calling back

 

Londres, octobre 2009. Où l’on découvre que partager son appartement avec un chat change votre rapport aux animaux. Je m’étais déjà aperçue que j’avais désormais une conscience différente de la présence des autres chats quand je les croise, comme si je reconnaissais quelque chose de diffus qui m’est désormais familier. Mais je ne m’attendais pas à retrouver des attitudes que j’associe à Savannah chez les écureuils de Hyde Park ou les cygnes et canards de la Serpentine. Lesdits écureuils se sont prêtés au jeu des photos avec une remarquable absence de timidité : j’ai rarement vu de bestioles aussi peu farouches.

 

(Et moi, je devrais m’absenter plus souvent : depuis hier soir, notre-dame-aux-écailles-de-tortue ne décolle plus de mes genoux, où elle ronronne en boucle depuis une bonne demi-heure alors que j’écris ces lignes.)

 

C’était en quelque sorte ma première vraie visite de Londres. Mon premier séjour touristique de quatre jours en solitaire, aussi. Je m’étais promis de me remettre à la photo pour l’occasion. Et j’étais étonnée de retrouver la ville aussi familière, aussi peu intimidante. Première fois sans doute que je n’étais pas gênée par mon statut de touriste ni par mon accent – ce qui doit expliquer que je me sois sentie aussi à l’aise avec la langue anglaise pendant ces quatre jours (quoique les échanges aient été réduits au minimum). La ville est plus belle, plus paisible et plus aérée que dans mon souvenir. La bouffée d’air frais que représente la traversée de Hyde Park le long de la Serpentine n’a pas son équivalent à Paris.

 

Autre grand moment, le deuxième jour : la découverte de Camden. On m’en avait beaucoup parlé mais je ne savais pas à quoi m’attendre. Pas à ça, en tout cas. Ça commence comme une visite des puces de Clignancourt en plus aéré et coloré, et puis un peu plus loin, on bascule dans tout autre chose. Des enseignes multicolores en relief, des boutiques un peu plus originales, des échoppes de nourriture asiatique, une cour tranquille bordée de boutiques, de pubs et de cafés, au centre de laquelle des stands proposent de la nourriture mexicaine, éthiopienne ou polonaise. Sous le soleil, l’endroit avait un je ne sais quoi d’exotique et d’épicé qui me rappelait La Nouvelle-Orléans. J’ai réussi de justesse à ne pas claquer tout mon fric – les tentations étaient nombreuses. Bilan des courses à Camden : un manteau violet lacé dans le dos, plus long derrière que devant, avec plein de boutons (pas sûre qu’il soit de très bonne qualité vu le prix et la matière, mais j’ai craqué) ; une écharpe un peu habillée à porter avec des robes ; une tenue de lutin (pantalon noir et ample, haut noir et vert à capuche pointue) ; et deux ou trois autres bricoles. J’y suis revenue le dernier jour pour une dernière balade, histoire de m’imprégner encore un peu de cette ambiance particulière.

 


Troisième jour, un peu mal réveillée, le moral au diapason du ciel redevenu gris, je décide de me balader au bord de la Tamise, au départ de Charing Cross. Je marche sans but en écoutant Bowie et PJ Harvey, un peu ailleurs, sans arriver à opter pour une destination précise. Le moment, finalement, a un charme flou, un peu onirique, surtout quand la musique entre en adéquation avec le décor. Je passe devant Big Ben et Westminster sans m’y arrêter, avec une pensée pour Notre-Dame que j’adore voir de nuit depuis les bords de Seine, sans jamais avoir envie de la visiter, juste de savoir qu’elle fait partie du décor. J’aperçois de loin Buckingham Palace qui me renvoie à une scène de Mémoires d’un maître faussaire de William Heaney/Graham Joyce, où l’un des personnages s’enchaîne aux grilles du palais. Revenue vers Picadilly, je m’arrête pour photographier les vitrines kitschissimes du grand magasin Fortnum & Mason, avec leur sirène et leur manège multicolores. Et puis, selon l’expression, j’ai vu de la lumière et je suis entrée. L’ambiance très vieille Angleterre est surannée à souhait – les toilettes y sont désignées comme « Ladies’ Powder Room » (j’en rigole encore). Je traîne un moment dans le rayon alimentation assez impressionnant, notamment les étalages de thé et de biscuits du rez-de-chaussée. Je repars avec une boîte de thé de Noël et d’autres bricoles du même genre – c’est l’heure de la fermeture, mais j’y serais volontiers restée une heure de plus.

 

Une visite de librairie plus tard, où j’achète L’affaire Jane Eyre de Jasper Fforde (depuis le temps qu’on m’en parle) et The Graveyard Book de Neil Gaiman, j’entre dans un pub proche du West End pour le dîner : chicken tikka masala accompagné d’une pinte de bitter. Le serveur est français et reconnaît mon accent, on discute un peu, il travaille à Londres depuis un an et ne se lasse pas de la ville. Puis retour à Earl’s Court où se situe mon hôtel et où j’ai pris mes petites habitudes en quatre jours, notamment les courses tardives chez le Marks & Spencer et le Sainsbury’s ouverts jusqu’à onze heures. Ou comment une journée mal commencée est finalement devenue une succession de jolies surprises et de petits plaisirs improvisés.

 



Dernier jour, après le retour à Camden pour le déjeuner (et l’achat du manteau violet susmentionné), je décide sur un coup de tête d’aller voir ce qui se trouve au 221b Baker Street. L’idée me trotte dans la tête depuis que j’ai noté l’existence d’un arrêt de métro Baker Street. L’endroit est facile à trouver : les touristes s’y font photographier devant une plaque à l’effigie de Sherlock Holmes. Juste à côté, un musée et une boutique de souvenirs kitsch où je ne m’attarde pas longtemps. Sur la porte de la boutique, une fausse annonce de police parlant de meurtres survenus en 1888 à Whitechapel. Je trouve toujours aussi fascinante l’idée qu’un personnage de fiction comme Holmes ait acquis une existence assez forte pour que les touristes se fassent prendre en photo devant chez lui et qu’une plaque annonce qu’il a vécu en ces lieux. À deux pas du musée, deux autres lieux de culte populaire : une boutique consacrée à Elvis, l’autre aux Beatles. La juxtaposition ne manque pas de sel.

 

Quelques heures plus tard, après de petites galères diverses (train presque manqué à cause d’un mauvais calcul de ma part, puis arrêt de l’Eurostar sur les voies pendant plus d’une demi-heure), me voilà avec une Savannah ronronnante sur les genoux et une infusion citron/gingembre de chez Tesco, en train de trier les dizaines (ou plutôt centaines) d’images que j’ai rapportées – dont un bon quart de photos d’ambiance de Camden. Ça fait un bien fou de me remettre enfin à la photo. Londres m’appelle à y revenir, de toute façon : je suis loin d’avoir acheté toute la nourriture que j’aurais voulu, par manque de place dans ma valise, et visité tout ce que je voulais. J’aurais bien aimé revoir le Shakespeare’s Globe visité il y a neuf ans. Ce sera forcément pour une prochaine fois.

 

(Pour ceux que ça intéresse, les photos sont en ligne ici.)

 

 

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London calling

De mon point de vue, le plus difficile quand on est indépendant, ce n’est pas de trouver du travail en continu, ni la question financière : c’est la gestion de la séparation travail/loisirs. Chaque jour de la semaine, chaque heure de la journée, représente potentiellement du temps de travail. Les loisirs, les week-ends, les congés, il faut au contraire prendre la décision de les fixer. En essayant d’ignorer la petite voix sournoise qui chuchote en permanence « Tu ne ferais pas mieux de bosser ? », « Tu vas te mettre en retard » ou encore « Gaffe à ne pas rentrer trop tard, tu n’arriveras pas à te lever demain ».

Je commence à peine à comprendre la nécessité de prendre le temps, régulièrement, d’obliger cette petite voix à se taire. Et de se rendre compte qu’on n’est pas une machine à cracher de la traduction, capable d’enchaîner les pages indéfiniment. Trois semaines de vacances : je ne sais pas à quand remonte le dernière fois que j’ai fait une pause si longue. A l’époque où j’étais étudiante, sans doute. Mais ça devenait vraiment nécessaire. Depuis quatre jours, je redécouvre le plaisir de passer les journées sans réfléchir en terme d’horaires, d’obligations, de nombre de pages à remplir. A quand remonte la dernière fois où j’ai pris le temps de regarder Dr House et de me revoir du Buffy après le déjeuner, de me balader en famille au Virgin de Dunkerque après le ciné et d’y acheter un CD, sur un coup de tête, juste parce qu’il me semble qu’il collera à mon humeur du moment ? (Celui de Dead Weather en l’occurrence, que j’aime beaucoup à la première écoute.)

Et puis dans quelques jours, il y aura un bref séjour à Londres. Une éternité que j’attendais l’occasion de retourner en Angleterre, qui ne se présentait jamais. Alors j’ai décidé de la prendre. Quatre jours pour me balader dans cette ville que je connais si peu malgré ma fascination pour la culture anglaise. Envie de jouer les touristes, de loger à l’hôtel, de découvrir Camden, Hyde Park (et la Serpentine, forcément), de revoir Covent Garden, de dévaliser Marks & Spencer dont le rayon Halloween me manque tellement en octobre. Envie de parler un peu anglais, aussi. Peut-être de me remettre à la photo.

Et pour la première fois depuis une éternité, me demander au début de la journée ce que j’ai réellement envie de faire, et pas simplement de combien de temps je dispose.

Autre bande-son du moment, pour faire des bonds partout, en attendant d’écouter l’album que je n’ai pas encore acheté. Enjoy.

 

 

 

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