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Des livres en mots et en images

Un immense merci à René-Marc Dolhen et Anna Valenn pour avoir respectivement filmé et enregistré certains passages de ma présentation à la librairie Charybde en tant que « Libraire d’un soir ». D’autres vidéos devraient suivre un peu plus tard.

Je rappelle que les sept livres seront disponibles tout le mois de juillet chez Charybde. L’occasion, si vous ne la connaissez pas encore, de découvrir cette librairie conviviale tenue par une équipe de passionnés.

 

 

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Saga de la terre vaine et de l’oiseau moqueur

Un grand merci à tous ceux qui sont passés hier chez Charybde m’écouter jouer les « libraires d’un soir ». Passé le trac initial, l’exercice est vraiment grisant, et les livres les plus faciles à présenter ne sont pas ceux qu’on croit. Je ne m’étais pas attendue à prendre un tel plaisir à expliquer en quoi « The Waste Land » de T.S. Eliot est, à peu de choses près, la plus grosse claque de lecture que j’aie prise ces dernières années.

Pour ceux qui n’ont pas pu venir, ou que la liste intéresse par curiosité, la voici en détail. Les livres seront disponibles tout le mois de juillet à la  librairie Charybde (129 rue de Charenton, 75012 Paris).

Harper Lee, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur (To Kill a Mockingbird)

Un classique absolu dans les pays anglophones, curieusement peu connu chez nous. En Alabama, dans les années 30, l’avocat Atticus Finch accepte de défendre une cause perdue d’avance : celle d’un Noir, Tom Robinson, accusé à tort du viol d’une Blanche. L’histoire est vue par les yeux des deux enfants d’Atticus Finch, qui se retrouvent pour la première fois confrontés à l’injustice. Le choix de faire raconter l’histoire par la petite Scout, du haut de ses six ans, introduit une légèreté et une drôlerie qui empêchent de tomber dans la démonstration pesante.

Carson McCullers, Frankie Addams (The Member of the Wedding)

L’un des romans les plus justes que je connaisse sur l’adolescence, par un des écrivains majeurs de la littérature sudiste américaine. Frankie a douze ans, l’impression de n’être nulle part à sa place dans le monde, et traîne son mal-être dans les rues étouffantes d’une petite ville du sud des USA. À l’approche du mariage de son frère aîné, elle se persuade à tort que les mariés l’emmèneront avec eux après la cérémonie et qu’elle commencera une nouvelle vie. Pendant quelques jours, l’idée vire à l’obsession. Un roman court, lent mais très dense, tout en introspection, à l’écriture magnifique.

Dorothy Allison, L’histoire de Bone (Bastard out of Carolina)

Autre roman « sudiste » à l’ambiance magnifique et terriblement vivante, entre chronique familiale et récit semi-autobiographique. Douze ans de la vie d’une jeune fille dont l’histoire sera marquée par la violence de son beau-père et l’absence de réaction de sa mère pourtant prête à tout pour ses deux filles. Un roman âpre et violent, éprouvant par moments, mais qui réussit à n’être jamais glauque, larmoyant ni misérabiliste.

Tonino Benacquista, Saga

Le roman de plage idéal, à dévorer d’une traite. Dans les années 90, alors que les chaînes de télévision se voient imposer un quota de création française, quatre scénaristes ratés sont embauchés pour écrire une série que personne ne verra, diffusée à 4h du matin, uniquement destinée à remplir les quotas. « Faites n’importe quoi, leur dit-on, du moment que ça ne coûte pas cher. » Ils ont carte blanche, se prennent au jeu et créent une série qui ne ressemble à rien d’autre. Jubilatoire de bout en bout, avec en prime une belle déclaration d’amour à tous les raconteurs d’histoires et un hommage à l’impact qu’ils peuvent avoir sur nos vies.

Nancy Huston, Journal de la création

Un essai passionnant sous forme de journal, qui épouse pendant six mois le rythme de la grossesse de son auteur. Nancy Huston s’interroge sur le rapport conflictuel des femmes à la création, à travers notamment une série de portraits de couples d’écrivains : Sand et Musset, Sartre et Beauvoir, Virginia et Leonard Woolf, Sylvia Plath et Ted Hughes… Comme toujours chez elle, l’écriture est belle et lumineuse, et le questionnement particulièrement juste.

Patti Smith, Just Kids

Just Kids n’est pas un livre de mémoires classique, et c’est qui fait sa beauté. Avant d’être l’évocation de la jeunesse d’une icône du rock, c’est le récit d’une rencontre qui a bouleversé sa vie, celle du photographe Robert Mapplethorpe. Patti et Robert se rencontrent à New York dans les années 60, sans argent mais pleins d’idéaux, bien décidés à devenir artistes. Le livre capture magnifiquement l’ambiance d’une époque, la désillusion progressive des années 70, et se termine par l’évocation poignante de leurs retrouvailles à la fin des années 80, alors que Robert est atteint du Sida. Dans ces pages, on retrouve Patti Smith tout entière, avec sa voix, ses obsessions, sa vision du monde et sa quête permanente du sacré dans l’art et le quotidien.

T.S. Eliot, La Terre vaine et autres poèmes (bilingue)

Aujourd’hui encore, l’influence de T.S. Eliot est partout, jusque dans la culture populaire. On le cite aussi bien dans Apocalypse Now que dans le Cycle de la Culture de Iain Banks ou La Tour sombre de Stephen King. « The Waste Land », son poème le plus connu, est un collage hallucinant de fragments où se télescopent les époques, les voix, les narrateurs. On est ballotté sans cesse d’une scène à l’autre, dont le contexte reste souvent mystérieux. Surtout, c’est un poème d’une rare puissance en termes d’images et de sonorité, qui produit une fascination touchant parfois à l’obsession.

 

 

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Où l’on repasse son costume de libraire

Quelques mots rapides depuis les terres albigeoises où je profite du soleil qui s’obstine à bouder Paris (le fourbe). Paris où je m’apprête, dans deux petits jours, à endosser mon costume de « libraire d’un soir » à la librairie Charybde. Deux jours pour finir de préparer la présentation de sept coups de coeur littéraires que j’ai envie de partager, pour me laisser balader sur YouTube (d’extraits d’adaptations cinématographiques en lectures par des acteurs anglophones), pour choisir quelques passages à lire tout haut, et globalement essayer de ne pas avoir le trac. Rendez-vous vendredi, 129 rue de Charenton dans le 12ème, à partir de 18h30.

Paris aussi où se déroulait la semaine dernière la traditionnelle Fête de la musique du Cargo. Magnifique soirée dans le calme d’un jardin bien rempli où revoir avec plaisir certains artistes (Maud Lübeck et Simon Beaudoux) et faire de belles découvertes (Lidwine, The Dove and the Wolf, Erevan Tusk ou encore Tiny Ruins). Encore une de ces nombreuses occasions où je suis ravie de m’être embarquée dans l’aventure de ce chouette petit rafiot. Je posterai peut-être quelques photos ici à mon retour.

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