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I believe in spring

 

En lisant les commentaires de l’entrée précédente (dont je remercie sincèrement les auteurs, tous autant qu’ils sont), je m’aperçois que je ne suis pas très à l’aise avec la façon dont j’ai présenté les choses. Quand on rédige une entrée sous le coup d’un énervement ou d’une frustration, on ne se rend pas toujours compte de ce qu’on est en train d’écrire ni de la façon dont ça va être perçu. J’ai le sentiment de devoir une explication sans trop savoir comment dire les choses. Ce n’est pas tant une frustration liée à la situation d’un livre en particulier – même si tout ce que j’ai dit était parfaitement sincère – qu’une des (nombreuses) manifestations d’un malaise plus profond qui a déjà dû pas mal transparaître ici. Ça dure depuis un bon moment, ça va sans doute encore durer longtemps.

 

Je ne peux tenter de l’expliquer que d’une façon. Entre vingt et trente ans, j’ai parcouru un bon bout de chemin. Je me suis découvert une énergie que je ne me connaissais pas, je me suis fixé des buts, je les ai presque tous atteints. Dans certains cas, le résultat a même dépassé mes espérances (tout ce qui s’est passé autour de Serpentine notamment). On croit qu’une fois qu’on aura atteint ces buts, on sera plus heureux, plus en paix, plus à même de se poser et d’apprécier les choses. Au lieu de quoi on se sent juste beaucoup plus vide. Ce n’est pas que j’aie été déçue par ce que j’ai obtenu : j’ai un boulot qui me plaît même si j’ai du mal à le gérer au quotidien (l’aspect solitaire et l’obligation de se discipliner constamment me pèsent). J’évolue dans un milieu que j’aime profondément, je m’y suis fait des amis, je m’y sens vraiment à ma place. J’ai réussi à publier ce que je voulais, alors même que ça ne paraissait pas gagné au départ, parce que j’avais choisi d’écrire dans un genre que les éditeurs délaissent. Et maintenant que j’ai obtenu tout ça, je ne sais plus comment continuer d’avancer. J’adorerais retrouver l’énergie que j’avais il y a quelques années, à l’époque où j’avais ces buts à atteindre. J’ai l’impression de retrouver le grand vide de mon adolescence, où j’étais persuadée que je n’allais rien faire de très intéressant de ma vie. À la différence près que j’ai une vie sociale plus remplie qu’à l’époque (normal, je n’en avais aucune). Ça aide énormément, mais ça ne suffit pas non plus. Je n’arrive pas à trouver d’autres buts, d’autres envies qui me motiveraient pour avancer.

 

Je crois que la frustration liée à Notre-Dame-aux-Écailles s’explique aussi par une autre : l’écriture m’a beaucoup aidée à une époque mais elle n’y parvient plus vraiment. J’adore toujours autant le processus, notamment ce sentiment fabuleux d’être en train de créer une histoire de plus. J’adore relire un texte que je viens de terminer, j’adore voir mes mots imprimés sur une page, j’adore faire des salons et rencontrer des lecteurs. Je considère que c’est une des plus belles choses qui me soient arrivées. Mais ça ne suffit pas à combler ce vide. Un des problèmes que je rencontre est là : on ne peut pas écrire à partir du vide. On peut écrire sur ce vide, mais je l’ai déjà fait – pour moi, la nouvelle « Le train de nuit » ne parle que de ça. Trois pépins du fruit des morts aussi, par certains aspects.

 

Je pourrais développer encore longtemps mais ça n’aurait pas grand intérêt. On doit bien finir par en sortir, mais pour l’instant, ça ressemble à une impasse. En attendant, on s’accroche à des petits détails du quotidien. Des sorties entre amis, et il y en a des sympa prévues cette semaine ; des concerts qui vous redonnent la pêche (et si je précise qu’on va sans doute filmer une session acoustique avec Amanda Palmer pour le Cargo ce vendredi, vous imaginerez à quel point la nouvelle me met en joie) ; des crêpes à préparer tout à l’heure puisqu’il paraît que c’est le jour. Et un futur appartement à meubler et à décorer. Je rêve de lumière en ce moment, j’attends le printemps et l’occasion de changer enfin de décor. Me voilà tiraillée entre un studio hyper sombre où je suis encore coincée pour deux mois et que je supporte de moins en moins, et un appartement auquel je pense beaucoup mais qui ne m’appartient pas encore (même si la demande de prêt se présente bien, j’en reparlerai plus tard).

 

Cette entrée n’appelle pas vraiment à des réponses ou commentaires, mais ça fait deux jours que j’ai l’impression de devoir une explication. Pas sûre d’avoir été très claire, cela dit.

 

Je voulais conclure par I believe in spring d’Eleni Mandell (rapport à l’attente du printemps, et parce qu’elle sort un nouvel album ce mois-ci) mais pas moyen de trouver ce morceau sur Deezer, ce qui est bien dommage. Vous aurez donc Salt truck à la place, c’est de saison. En espérant que le morceau passe bien, vu qu’un problème de son sur mon PC m’empêche de le vérifier.


 

 

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