Pour continuer dans les vidéos saisonnières, je dédie celle-ci à Daylon s’il passe dans le coin :
Ça doit être la période des fêtes qui veut ça mais j’ai des envies de revoir Gremlins, c’est grave docteur ?
Et pour compléter l’intermède musical de la semaine dernière, la session acoustique de Jesse Sykes au Père-Lachaise est maintenant visible ici sur le Cargo, et mes photos (une de mes séries préférées parmi celles que j’ai postées sur le webzine) sont ici.
Pour en revenir au sujet principal de ces derniers jours, je ne sais pas trop quoi répondre aux gens qui me demandent comment ça va par rapport au cambriolage. Depuis que c’est arrivé, j’entends dire et répéter que c’est un incident très violent qui peut être assez difficile à gérer psychologiquement. Sauf que je ne le ressens pas du tout comme ça, ou je n’en ai pas l’impression en tout cas. Ou alors, je suis trop sonnée pour m’en rendre compte, ce qui est possible aussi. Je suis assez déroutée par le calme et le détachement dont je fais preuve quand j’y pense. C’est vrai que je me suis fait une bonne grosse frousse vendredi et que ça m’est un peu retombé dessus lundi, quand je me suis pour la première fois absentée pendant les horaires de bureau. C’est vrai qu’en rentrant chez moi, mon premier réflexe est encore de vérifier que la porte est intacte et l’appart en ordre. C’est vrai aussi que je garde tout le temps les volets fermés (en même temps, ce studio est tellement sombre que ça ne fait pas grande différence). Mais à part ça, je ne ressens rien de particulier par rapport à l’incident. Et ça m’inquiète un peu. J’y pense tout le temps, mais de manière assez factuelle en quelque sorte : tout comme je sais qu’on est en hiver et que les fêtes approchent, je sais que j’ai été cambriolée – c’est là en toile de fond, mais ça ne va pas plus loin. Mais comme ma nature est d’angoisser tout le temps et pour tout, ça me dérange un peu d’être capable de me dire froidement « Quelqu’un est entré ici et a fouillé dans mes affaires » sans rien ressentir de particulier. Ça devrait être beaucoup plus violent que ça. Comme il n’y a aucun dégât visible, j’ai presque l’impression que ce n’est pas arrivé. Je sens juste de manière très, très vague mais constante qu’il y a « un truc qui ne tourne pas tout à fait rond ».
Pour ce qui est de ma recherche d’appartement, je laisse passer les fêtes – je suis plus concentrée sur les courses de Noël, le séjour familial de la semaine prochaine et la visite imminente d’une amie qui habite à Houston et que je ne vois pas souvent. Mais je me promets de commencer ma recherche effective début janvier au plus tard, au lieu de tourner autour des annonces en me demandant « quel quartier, quelle surface ? ». Ce que je n’ai pas précisé dans les entrées précédentes, c’est qu’il s’agirait cette fois d’acheter un appartement. Démarche forcément intimidante, même si j’ai apprivoisé l’idée à force de me renseigner et d’y réfléchir ces derniers mois. Et puis j’ai assez traîné chez Habitat et autres magasins du même genre ces derniers temps pour me rendre compte que l’envie d’un nouvel espace à décorer est bien présente. Ça tombe bien, moi qui déteste janvier, ça me donnera de quoi m’occuper.
Ou décider, après avoir bien avancé le boulot de la journée, de réessayer une recette de biscuits de Noël déjà testée l’an dernier, avec quelques variantes – j’ai laissé tomber la fleur d’oranger, pas très pratique à manipuler vu qu’elle modifiait la consistance de la pâte, pour tenter une version citron/gingembre, en plus des versions cannelle et quatre épices déjà testées l’an dernier. L’avantage des recettes saisonnières, c’est qu’en un an, on a le temps d’oublier pourquoi on les avait laissées tomber depuis. En l’occurrence, passer plus d’une demi-heure à pétrir de la pâte qui s’émiette à répétition ou qui vous colle aux doigts, c’est sportif. En même temps, on peut vraiment dire que c’est du fait main. Il ne manque plus qu’une tasse de thé de Noël avec les petits gâteaux pour me sentir tout infusée de l’esprit des fêtes (en espérant que l’esprit en question aura la bonne idée de ne pas me rendre visite en trois exemplaires passé/présent/futur façon Dickens, mais ceci est une autre histoire).
Alors voilà, j’ai 32 ans. J’ai déjà entendu dire par des gens plus âgés que moi que la décennie 30-40 était celles qu’ils avaient préférée. Je ne peux pas en dire autant pour l’instant. C’est vrai qu’on se sent plus serein passé la trentaine, on se connaît mieux et on sait mieux vers quoi on se dirige. En contrepartie, on n’a plus forcément cette énergie de la vingtaine qui poussait à aller de l’avant, on commence à se demander ce qu’on est en train de faire de sa vie, et les problèmes non résolus prennent de plus en plus de place. Moi qui ai une tendance naturelle assez forte à l’introspection et aux questions existentielles (ne me dites pas que ça ne se voit pas dans ce que j’écris), je dois dire que la trentaine n’a pas aidé. C’était peut-être l’effet « anniversaire imminent » mais certains vieux problèmes ont refait surface ces dernières semaines, encore plus fort que d’habitude. J’avais l’impression d’étouffer et de me retrouver isolée sans pouvoir en parler, même quand j’étais bien entourée. Et puis j’ai fait le ménage dans ma tête lors de la semaine qui vient de s’écouler. J’ai commencé à en parler et à aller vers les gens, et par effet boule de neige, j’ai l’impression d’avoir reçu énormément de bonnes ondes en retour. Il y a eu des moments précieux au cours de cette semaine, des échanges, des gestes, des conversations avec des amis, qui m’ont donné l’impression de pouvoir à nouveau avancer. Du coup, j’ai abordé les 32 ans plus sereinement et je me sens beaucoup plus légère que je ne l’étais lundi dernier.
Sinon, parmi les bons souvenirs de la semaine écoulée… Je m’apprêtais à poster un lien vers une session Cargo à laquelle j’ai assisté jeudi et dont la mise en ligne est imminente, mais ça fera l’objet d’une prochaine entrée. Il s’agit cette fois de Howe Gelb, le big boss de Giant Sand dont j’ai déjà parlé
Et samedi, autre événement à ne pas manquer, la dédicace de Francis Berthelot chez Scylla (8 rue Riesener, métro Montgallet) à l’occasion de la sortie de son roman Le petit cabaret des morts. Le roman s’inscrit dans une série baptisée le « Rêve du démiurge » mais chaque roman peut être lu indépendamment des précédents, même s’ils se répondent pas un certain nombre d’éléments récurrents. Pour ceux qui ne le connaissent pas, en plus d’être quelqu’un d’adorable qui devient carrément lyrique quand il parle de catch ou de séries télé (c’est lui qui m’a convertie à Buffy il y a quelques années), Francis est aussi un sacré écrivain. Il écrit des choses belles et poétiques, souvent extrêmement poignantes. J’ai été très marquée par Rivage des intouchables, qui met en scène l’apparition d’une épidémie sur une planète où cohabitent deux espèces séparées par un tabou, et derrière laquelle on ne peut que deviner le spectre du Sida. Et aussi par Nuit de colère, et par Le jongleur interrompu dont la fin m’a tellement prise à la gorge que j’ai failli ne pas pouvoir le terminer. Il aborde des sujets graves mais ses textes ne sont jamais pesants pour autant, et son écriture est vraiment magnifique.
