Blog : catégorie Jeux de rimes - page 2

Les monstres se sont tus

 

Les monstres se sont tus
Et j’ai peine à le croire,
Je ne les entends plus
Chuchoter leurs histoires.
Auraient-ils disparu
Sans même un au revoir
Après m’avoir tendu
Si longtemps ce miroir ?

Plus d’esprits enchaînés
Dans de sombres bâtisses,
Plus de loups éveillés
Par d’anciens maléfices,
De tigres éthérés
Sous des lunes complices,
Plus de dragons cachés
Au fin fond de l’abysse.

J’ai noirci tant de pages
À l’encre des chimères,
Mais la fiction volage
Ne m’est plus familière.
Quittons ce vieux pelage
Et cherchons la manière
De rendre bel hommage
À mes monstres d’hier.

 

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Éloge du célibat

 

Je suis sorcière, que voulez-vous,
Brandie comme un épouvantail
Pour mieux vous effrayer.
Car la seule existence qui vaille,
C’est vieillir auprès d’un époux,
On nous l’a martelé.

J’ai la vie douce, détrompez-vous,
Si loin de ces caricatures
Qu’on voudrait vous brosser :
Mégère à la triste figure
Se languissant d’un amour fou
Ou princesse esseulée.

J’aime le silence, figurez-vous.
La volupté des solitaires,
Leur intime liberté :
Choisir quand rire ou quand se taire,
Laisser les heures glisser sur nous,
Écrire ou paresser.

Je suis sereine, le croirez-vous.
Personne ne souffle à mon oreille
Ses quatre volontés.
J’y trouve un luxe sans pareil :
N’être qu’à soi, suivre ses goûts
Et vivre sans regrets.

 

Puisque les mots reviennent en rimes, suivons le fil où il nous mène. Authentique photo de célibataire-à-chat et de son familier dans leur environnement naturel.

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J’ai choisi la guerrière

 

J’ai choisi la guerrière,
La savante à l’égide,
Stratège et conseillère.
Celle qui, nous dit Ovide,
Pour une défaite amère
Vous change en arachnide
Au feu de sa colère.

J’ai choisi la guerrière,
Fille d’une océanide
Et d’un dieu des éclairs,
Surgie déjà lucide
Du crâne de son père,
Je l’adopte pour guide
En un vœu téméraire.

J’ai choisi la guerrière,
Je l’ai voulue solide,
Ni figure nourricière
Ni jouvencelle timide,
Ni esclave de la chair
Aux appétits languides,
Ni passive à se taire.

J’ai choisi la guerrière,
L’érudite intrépide
Au savoir millénaire,
Pour la morgue splendide,
Pour la lance et le fer,
La volonté rigide,
La foudre et le tonnerre.

 

Parfois, les mots font n’importe quoi : on les espère en fiction, ils viennent sous forme de rimes.
Tatouage par Lanj (La Vanité, Paris).

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