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Nancy, Tonino, Kelley et les autres

 

Passage rapide au Salon du Livre ce vendredi, le temps de signer des Kadath sur le stand Mnémos en compagnie d’une partie de l’équipe, de me balader dans les allées et d’aller finir les fonds de champagne sur d’autres stands en fin de soirée, mais ceci est une autre histoire. N’ayant pas consulté le programme avant de venir cette année, je n’avais pas la moindre idée des auteurs présents, ce qui m’a valu entre autres de tomber en arrêt, totalement par surprise, devant le stand où signait un Tonino Benacquista vêtu d’un magnifique T-shirt Batman que je me suis empressée de photographier (de loin). C’est un des quelques auteurs français dont j’achète systématiquement les livres et j’ignorais qu’il venait d’en sortir un nouveau, c’est dire si je me tiens au courant de l’actualité littéraire. J’avais seulement, à tout hasard, vérifié si Nancy Huston serait présente. Je suis assez souvent allée lui faire signer des livres pour savoir que je n’arriverai jamais à lui dire réellement à quel point son écriture m’a bouleversée. Mais pour une fois, j’ai eu envie d’aller la prendre en photo. Tellement intimidée à l’idée de lui demander de poser que je n’ai pas osé échanger plus que les deux trois banalités d’usage, alors que pour une fois, j’en aurais eu le temps.

 

David Camus et Nicolas Fructus sur le stand Mnémos

 

 

Nicolas Fructus et Raphaël Granier de Cassagnac

 

Nancy Huston

 

Tonino Benacquista

 

Le lendemain, j’ai séché le salon pour aller assister à la séance de dédicace organisée par Bragelonne dans leurs locaux tout nouveaux tout beaux, qui s’y prêtent particulièrement bien. La foule venue se faire dédicacer les romans de Patricia Briggs et de Kelley Armstrong était vraiment impressionnante. Elles ont signé un peu plus de trois heures non stop, avant d’enchaîner avec une séance de questions/réponses. J’avoue que ça m’a fait chaud au cœur de voir à quel point les lecteurs de Kelley étaient venus nombreux. J’ai traduit les cinq premiers volumes des Femmes de l’Autremonde (Morsure, Capture, Magie de pacotille, Magie d’entreprise et Hantise) et j’y ai pris un immense plaisir. Je ne m’attendais vraiment pas, à l’époque de Morsure, à voir cette série toucher un tel public.

 

Kelley Armstrong

 

J’aurais du mal à expliquer ce qu’on ressent quand on rencontre un auteur sur lequel on a travaillé, mais c’est très particulier. Plus curieux encore que de rencontrer un auteur qu’on admire, de se retrouver face à une personne ordinaire et de ne pas réussir tout à fait à établir le lien avec son univers. Dans le lien de traduction, il y a quelque chose de très fort qui tient au temps passé immergé dans les livres. On apprend beaucoup de choses sur l’auteur : ses thèmes, sa manière de voir le monde, ses tics parfois, d’autres choses qu’on devine en filigrane. Et le moment venu, on a du mal à trouver les mots pour leur dire l’attachement à leurs textes. Au total, j’ai dû passer pas loin d’un an et demi de ma vie plongée dans les romans de Kelley. Plus encore que les intrigues (même si celle de Hantise m’avait impressionnée), j’ai surtout adoré sa galerie de personnages. Elena, la femme loup-garou tiraillée entre son envie d’une existence « normale » à ses yeux et sa part d’animalité. Clayton, son compagnon, qui ne se pose pas ces questions-là, car c’est un ancien enfant sauvage qui laisse son loup intérieur s’exprimer plus souvent qu’à son tour. Paige, la jeune sorcière dont la vie est chamboulée lorsqu’elle adopte Savannah, une adolescente pas tellement plus jeune qu’elle et au caractère pas franchement facile. (Pour ceux qui se poseraient la question, c’est bien de là que vient le nom de mon chat.) Eve, la mère de Savannah, qui fait une entrée d’autant plus fracassante dans Hantise qu’elle raconte toute l’histoire depuis l’au-delà. J’avais aussi un faible pour Jaime Vegas, la nécromancienne gaffeuse qui arnaque les gens dans son show télévisé en faisant semblant de parler avec leurs chers disparus, alors qu’elle est réellement harcelée par des fantômes dans la vraie vie. Et puis la nixe, personnage central de Hantise, esprit du chaos qui subsiste en possédant des femmes qui sont à deux doigts de commettre un meurtre, et qui les pousse à passer à l’acte. Autant de personnages (sauf la nixe) amenés à devenir tour à tour narrateurs des romans.

 

Je pensais à tout ça l’autre soir, alors que je me trouvais à la même table que Kelley Armstrong. Des souvenirs de certaines scènes me traversaient de manière inattendue, tel clin d’œil à Buffy dans Capture, telle scène tournant autour de Lizzie Borden dans Hantise, tel choix de termes qui m’avait donné du mal (j’étais d’ailleurs étonnée qu’elle se rappelle un échange de mails à ce sujet remontant à quelques années). J’espère avoir réussi à lui dire, même maladroitement, à quel point j’ai aimé passer tout ce temps en compagnie de ses personnages.

 

J’ai eu le plaisir par la même occasion de faire la connaissance de l’adorable Patricia Briggs, dont je n’ai pas encore lu les romans, mais ça ne saurait tarder, puisque je lui ai fait signer L’Appel de la lune. Peu de temps après avoir demandé à Kelley de signer mon exemplaire de travail de Hantise, comme je le fais parfois quand l’occasion se présente de rencontrer les auteurs que je traduis. Entre ça et les photos posées puisque j’en ai aussi demandé à quelques-uns, ça commence à ressembler à un début de collection.


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