Blog : tag dédicaces

Des rencontres en images

Deux mois et dix jours depuis la sortie de Nous qui n’existons pas. Deux mois passés en un clin d’œil, qui m’ont fait l’effet d’un mini-tourbillon tant l’expérience est nouvelle et imprévisible – je soupçonnais que cette sortie serait différente de celle de mes livres de fiction, mais je n’imaginais pas à quel point. M’est revenu récemment en mémoire le roman de Delphine de Vigan, D’après une histoire vraie, dans lequel son double plus ou moins fictif cherche comment revenir à l’écriture de fiction après avoir puisé dans l’histoire de sa propre famille pour écrire Rien ne s’oppose à la nuit. Je commence à comprendre plus intuitivement ce trouble-là ; il y a, d’une certaine façon, un avant et un après, quoique je manque encore de recul pour en parler. Dès lors qu’on écrit sans filtre sur sa propre histoire, les frontières qui nous séparent à la fois du livre et des lecteurs se déplacent légèrement. C’est une redécouverte de chaque instant. C’est mon sixième livre, mais c’est une première fois.

Beaucoup de moments forts pendant ces deux mois. La frénésie des Utopiales où s’enchaînaient tables rondes, interviews et dédicaces et où j’ai été agréablement surprise par l’intérêt que manifestaient les visiteurs pour un livre qui n’avait, a priori, pas grand-chose à voir avec la SF – particulièrement après la table ronde « Le nouvel art d’aimer » où il fut notamment question d’asexualité. L’ambiance plus intimiste des rencontres à la Maison des Associations de Rennes et à la Station LGBTI Alsace de Strasbourg, qui ont pris la forme de véritables échanges où le public se livrait autant qu’il écoutait. L’accueil chaleureux de la librairie Millepages de Vincennes pour la soirée de lancement, et de la bibliothèque Rainer Maria Rilke pour une rencontre autour du livre. Les formes très diverses qu’ont prises les rencontres et les interviews, axées tantôt sur les questionnements d’identités LGBT+ et/ou l’asexualité, tantôt sur le rapport à l’écriture et au fantastique, ou sur la question de la norme, de la différence et de l’acceptation de soi. Une tribune écrite pour le Huffington Post qui a suscité beaucoup de réactions, et puis de nombreux retours depuis deux mois, qui me touchent chaque fois en plein cœur. Des lecteurs que le sujet a intéressés ou touchés, qui se sont reconnus dans ce rapport à la différence, ou qui m’ont confié être comme moi – beaucoup, s’étaient, eux aussi, crus seuls jusqu’alors.

Les rencontres sont terminées pour 2018, j’espère pouvoir vous en annoncer d’autres rapidement. En attendant, voici quelques photos de cette première vague. Un grand merci à ceux qui sont venus y assister, à ceux qui m’ont écrit pour me parler du livre. Et pour ces invitations, merci infiniment à Morgane Steinmetz et l’équipe de Millepages, Antoine Nobilet, Jeanne-A Debats et l’équipe des Utopiales, Morgane et Julien de la Dimension Fantastique, Aurore Yrondy, Dominique Duval et l’équipe de la bibliothèque Rilke, Célia Deiana, Jean-Luc Rivera, Nathalie Ruas, ainsi qu’à l’équipe de la médiathèque François-Rabelais de Genevilliers. Et à très bientôt pour la suite.


Rencontre au café L’Astrolabe, 06/12/18 (photo Bertrand Campeis)
Dédicace aux Utopiales 2018 (photo ActuSF)
Utopiales 2018, table ronde “Fantômes et corps astral” (photo ActuSF)
Utopiales 2018, table ronde “Autrice et traductrice” avec Sara Doke et luvan (photo Éditions La Volte)
Utopiales 2018, dédicace avec Sabrina Calvo (photo Michael Meniane – Utopiales 2018)
Avec Léo Henry, après la rencontre à la Station LGBTI Alsace à Strasbourg, 09/11/18 (photo Célia Deiana)
Rencontre au café L’Astrolabe animée par Nathalie Ruas, 06/12/18 (photo Bertrand Campeis)
Rencontres de l’Imaginaire de Sèvres, 24/11/18 (photo Wonder Jol)
Avec Aurore Yrondy et Xavier Vernet à la bibliothèque Rilke, 17/11/18 (photo Christelle Pécout)
Utopiales 2018 : festivalière se prenant pour le Docteur au moment de partir enchaîner tables rondes et dédicaces.
Utopiales 2018, table ronde “Le nouvel art d’aimer” avec Catherine Dufour, Lloyd Chéry, Rachel Bocher (photo ActuSF)
“Asexualité et autres non-étiquettes” à Rennes (photo Antoine Nobilet)

Post navigation


Au cœur du tourbillon

L'art de la nouvelle

(c) Sonia Geraci/ActuSF

Un tourbillon de quatre jours, tout va trop vite, trop de visages, trop peu de temps à consacrer à chacun, mais le propre de ce tourbillon-là, c’est de vous faire vous sentir plus vivant que jamais. Des Imaginales intenses, comme souvent, peut-être encore plus. Une somme de petits moments, de fous rires, de retrouvailles et de rencontres, qui vous laisse après coup tout un patchwork d’images et d’émotions. On discute autour des tables, autour d’un livre, autour d’un verre, on pense forcément aux absents (les noms de Graham Joyce et de Gudule furent souvent prononcés), on apprécie d’autant plus intensément la présence des copains qui sont bien là, de ceux qu’on connaît depuis quinze ans aux petits nouveaux qui font déjà partie de la famille.

Souvenirs en vrac de ces Imaginales : un ping-pong verbal en table ronde avec Sylvie Lainé sur le thème de la nouvelle, où l’on multiple les métaphores à base de Tardis, de Tetris et de bains de mer. Une échange passionnant et chaleureux autour des questions de genre et d’identité sexuelle avec Estelle Faye, Carina Rozenfeld et Samantha Bailly, que j’apprécie beaucoup toutes les trois mais avec qui je n’avais jamais partagé de tables rondes. Un petit déjeuner avec Francis Berthelot, des retrouvailles chaleureuses avec Christopher Priest, des discussions avec des lecteurs croisés sur le Net et dont je découvre enfin le visage. Des rencontres intenses avec trois groupes de collégiens qui me remettent leurs dessins, surprenants et émouvants, inspirés par mes nouvelles. Des échanges sur le thème « Lionel, ce héros » avec des collègues tout aussi bluffés que moi par l’aisance de Lionel Davoust lorsqu’il joue les interprètes. Une approche timide de l’adorable Kim Newman, dont j’avais traduit la novella « Andy Warhol’s Dracula » à mes débuts, pour découvrir à ma grande surprise qu’il me situe très bien.

Magic Mirror

(c) Sonia Geraci/ActuSF

Et puis les mots touchants des lecteurs, qui passent parfois simplement donner leur avis sur une table ronde ou sur un livre acheté l’année précédente. Des dédicaces demandées à mon tour : à Sylvie Lainé, Estelle Faye, Kim Newman et puis à Karine Gobled sur son Guide de l’uchronie, lectrice de longue date devenue depuis une amie. Une remise des prix où l’on se réjouit pour les copains qui montent sur scène, où l’on verse une larme lorsque Stéphane Marsan rend un bel hommage à Graham Joyce disparu l’an dernier. Une découverte lorsque je feuillette par curiosité L’étrange cabaret de ma voisine de dédicace Hélène Larbaigt et me retrouve soufflée par son style graphique original. Et la fatigue qui s’accumule, et le pincement au cœur à l’heure de quitter les lieux et les gens, et le trajet en train qui prend toujours des allures de retour de colo.

On rentre des Imaginales avec l’impression d’aimer la terre entière, l’envie de faire des déclarations dégoulinantes de petits cœurs. Ces quatre jours m’auront rappelé pourquoi j’ai souvent eu l’impression, dans le milieu de l’édition de l’imaginaire, d’être non seulement en famille, mais d’avoir enfin trouvé ma place dans le monde.

On prolonge la fête le lendemain dans les locaux de Bragelonne pour une dédicace en plus petit comité où je retrouve avec plaisir Kim Newman, Brent Weeks, Manon Fargetton et Alice Scarling autour d’une assiette de petits fours. Alice et Manon jouent à celle qui aura le plus joli coffret de matériel à dédicaces (stickers et tampons encreurs), Kim dessine des smileys vampires absolument trognons, Brent prend des poses effrayantes avec le canard-vampire du forum AB F&A, et j’apprends à dessiner des petits squelettes en bas des pages. Une journée ordinaire chez Bragelonne.

Il y aurait tant d’autres noms et tant d’autres moments à citer. Un immense merci à tous : les amis, collègues, lecteurs, blogueurs, collégiens et enseignants, l’équipe des Imaginales pour son accueil et son travail acharné, depuis les organisateurs jusqu’aux libraires et bénévoles aux petits soins, et puis l’équipe Bragelonne qui s’occupe toujours si bien de ses auteurs (mention spéciale à Fanny Caignec et à l’irremplaçable Leslie Palant). Les métiers de l’édition ne sont pas les plus faciles et les plus reposants qui soient, mais ces moments-là sont de ceux qui nous rappellent pourquoi tout ça en vaut la peine.

After chez Bragelonne

(c) Valérie Revelut/Onirik

Merci à Sonia Geraci d’ActuSF pour les photos des Imaginales et à Valérie Revelut d’Onirik pour celle de la dédicace chez Bragelonne. ActuSF a commencé la mise en ligne des tables rondes des Imaginales, parmi lesquelles “L’art de la nouvelle”, “Le fantastique français” et “Corps mutant, genre fluctuant” auxquelles je participais.

Post navigation