Blog : mai 2011 - page 2

Tomboy

 

 

 

Je ne sais plus à quand remonte ma dernière incursion au cinéma, mais je me rappelle qu’une bande-annonce m’avait marquée. Une famille s’installe dans un nouveau quartier ; l’un des enfants fait connaissance avec ses voisins et se présente sous le nom de Michaël. Mais dans l’extrait suivant, on entend sa mère l’appeler Laure. Jusque là, on n’a pas mis en doute un seul instant le fait que « Michaël » soit un petit garçon. Tout le film est déjà là, dans cet enchaînement de quelques secondes. Tomboy de Céline Sciamma est un film un peu longuet dans sa première partie, qui installe les personnages à travers une suite de scènes de vie ordinaire. Les rapports entre les enfants, la complicité qui unit Laure à sa petite sœur Jeanne, les jeux de la bande de gamins sonnent juste tout du long. Ils ont un langage à eux, une logique particulière, qui ne sont pas ceux des adultes, ce que le film montre très bien.

 

Mais ces scènes ordinaires ne le sont pas tant que ça, et c’est là que Tomboy est troublant. On vit toute cette histoire du point de vue de Laure/Michaël, dont le mensonge peut être découvert à chaque instant. Les garçons acceptent sans trop de mal ce nouveau copain de jeux, et Lisa, la seule fille de son âge, s’attache très vite à ce garçon qu’elle trouve « pas comme les autres ». Plus le mensonge s’éternise, plus on sait que la chute sera rude – les vingt dernières minutes, d’une cruauté dépouillée, sont extrêmement poignantes. Elles le sont d’autant plus qu’on accepte finalement dès le départ l’existence de Michaël comme son identité véritable. C’est Laure qui ressemble à un masque. Zoé Héran, qui incarne le personnage, est stupéfiante. On ne sait jamais trop si l’on voit à l’écran une petite fille habillée en garçon, ou un petit garçon aux traits un peu féminins.

 

Le film ne plaira certainement pas à tout le monde, ne serait-ce que par ce parti pris de s’attarder sur le quotidien dans la première partie sans développer d’intrigue autre que ce qui découle de ce jeu de masques. Mais il y a dans la plupart des scènes une très belle façon de filmer les êtres de près, de s’attarder sur les corps et les visages. Et le personnage de Laure/Michaël est poignant dans sa quête d’identité. Au point qu’il continue d’exister, et de nous hanter, après la fin du film.

 

 

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Un bon angle est un angle mort

Tel le brin de muguet moyen, les salons fleurissent en mai, et les week-ends se remplissent les uns après les autres pour les deux mois à venir. Attendez-vous à m’en voir annoncer quelques-uns incessamment. Pour le mois de mai, je participerai aux Futuriales d’Aulnay-sous-Bois le samedi 14, aux Imaginales d’Epinal du vendredi 27 au dimanche 29 (mon programme est annoncé sur le site), et je ferai un passage éclair par une autre manifestation à Toulouse entre deux, que j’annoncerai plus tard.

 

En attendant, la revue électronique Angle Mort vient de publier son troisième numéro. J’y partage le sommaire avec Léo Henry, Kij Johnson (dont j’avais autrefois traduit une superbe nouvelle pour un des Emblèmes de l’Oxymore) et Sara Genge. Ma nouvelle, « Le jardin des silences », était parue en 2008 dans une revue assez confidentielle et je suis ravie que ce texte, auquel je suis vraiment attachée, ait une deuxième vie. Il est disponible en ligne et au téléchargement sur cette page.

 

Pour finir, quelques photos de concert. Budam est un drôle d’oiseau originaire des îles Féroé, qui déploie sur scène tout un dispositif ludique : une tête d’éléphant, une intrigante boule métallique ou encore une chaise à laquelle il s’attache d’une seule jambe (ce qui l’oblige à se contorsionner pour atteindre le micro). Sur disque, je trouvais sa musique plutôt mélancolique ; sur scène, elle devient grisante et euphorisante. Pour vous en donner un aperçu, j’ai posté quelques photos sur le Cargo. Mais celle-ci en dit sans doute déjà beaucoup :

 

 

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