Blog : catégorie Salons et dédicaces - page 13

Imaginales et plein d’autres choses

(Entrée postée sur MySpace le 01/06/08)

Ça commence à faire un moment que je me dis « Tiens, je posterais bien une nouvelle entrée de blog », et puis les jours passent, je vadrouille toujours pas mal, j’essaie de rattraper mon retard de traduction le reste du temps, et il y a toujours quelques concerts qui se glissent dans mon emploi du temps et n’arrangent pas les choses. Vous aurez donc échappé à diverses considérations sur le fait que j’aie revu Carrie dont je parlais récemment (suis-je la seule personne que ce film fait pleurer comme une madeleine ?), dévoré d’une traite deux bouquins de Nancy Huston et le dernier Benacquista toujours aussi jouissif, dégusté cidre et galettes à Saint-Malo pendant le festival Etonnants voyageurs où j’ai eu le plaisir de revoir pas mal de collègues ainsi que l’équipe de la librairie Critic où j’avais signé courant mars (sans parler de la fine équipe de Bragelonne avec qui on se déplace pas mal en groupe en ce moment : Pierre Pevel, Laurent Genefort, l’attachée de presse Leslie Palant, ainsi qu’Erik Wietzel qui nous a rejoints sur place). L’un des moments magiques, à Saint-Malo, a été de découvrir notre hôtel en bord de mer, d’écouter le bruit des vagues par la fenêtre de ma chambre le samedi soir, puis de prendre un moment pour aller me promener sur la plage le dimanche avant de rejoindre les lieux du festival. C’est curieux, mais moi qui n’aimais pas spécialement la mer du temps où j’habitais Dunkerque, je commence à y prendre goût depuis la trentaine. L’odeur et le bruit de la mer suffisent à me mettre de très bonne humeur en ce moment.

 

 (Photo : Jean-Emmanuel Aubert)

Côté salons, le gros événement du mois aura été les Imaginales d’Epinal. Quatre jours assez intenses, aussi crevants qu’euphorisants, riches en rencontres, retrouvailles, fous rires avec les copains et discussions avec des lecteurs. Et des lecteurs, à Epinal, on en croise beaucoup – j’avoue que j’ai été assez impressionnée par les retours que j’ai pu avoir sur mes deux recueils. (A propos de fous rires, note pour Xavier D. : le traditionnel fou rire nocturne aux alentours du pub n’a pas eu lieu cette année, sans doute parce que les effectifs n’étaient pas au complet). J’ai de très bons souvenirs aussi des tables rondes, notamment de la toute première, consacrée au fantastique, animée par Claude Ecken et à laquelle je participais avec Sire Cédric, Michel Pagel et Francis Berthelot. Déjà, grande nouveauté cette année : Claude lisait des extraits de textes des participants. J’avais toujours entendu dire que c’était un excellent lecteur, j’en ai eu confirmation. Mais ça fournissait en plus une base concrète à partir de laquelle relancer le débat. C’était très intéressant de l’entendre lire un extrait de ma nouvelle « Nous reprendre à la route » : je ne me rappelais pas que le rythme de ce passage était aussi haché et le vocabulaire aussi violent (Francis Berthelot a fait un rapprochement avec Crash de Ballard que j’ai trouvé très pertinent). Par ailleurs, comme on partage tous les quatre une vision du fantastique assez semblable, ça a donné lieu à des échanges intéressants.

Et puis les quatre jours passent à toute vitesse, on n’a pas le temps de croiser la moitié des gens qu’on espérait revoir, on rentre crevé mais content et on passe des plombes à trier ses photos. J’en ai mis quelques-unes en ligne sur MySpace dans l’album « Signatures et salons ». Il y en a pas mal d’autres (pas les miennes) sur le forum ActuSF.

A propos d’ActuSF, je saute du coq à l’âne pour signaler l’ouverture aujourd’hui d’une toute nouvelle librairie en ligne baptisée Ys et créée par Clément Bourgoin, collaborateur régulier du site. Elle se consacre principalement aux livres d’occasion dans le domaine SF/fantasy/fantastique. Une soirée d’inauguration (bien arrosée comme il se doit) a eu lieu vendredi dernier chez Scylla, partenaire de cette nouvelle librairie, comme en témoigne la photo ci-contre (Clément en grande conversation).

 

Sinon, il continue à se passer pas mal de choses ces temps-ci, musicalement parlant. Jusqu’ici, je trouve que 2008 est un très bon cru : je n’ai encore entendu aucun album qui m’ait retourné les tripes comme ceux de PJ Harvey ou Jesse Sykes l’an dernier (même le Portishead, que j’écoute finalement assez peu), mais il y a eu pas mal de chouettes surprises. J’ai eu notamment l’occasion d’entendre le nouvel album de My Brightest Diamond qui sort incessamment et je vous le recommande chaudement – comme le précédent, je l’ai trouvé un peu difficile d’accès au début, mais une fois qu’on est dans l’ambiance, il est magnifique : aérien, intimiste et lyrique à la fois, avec des moments de grâce absolue. Je posterai une chronique sur le Cargo en fin de semaine, en même temps que la mise en ligne de la session acoustique dont j’ai déjà parlé ici – j’ai hâte de la voir, ça devrait être un grand moment. Je posterai le lien le moment venu.

 

Et donc, puisque je reparle de Jesse Sykes : j’attendais impatiemment, deux jours avant les Imaginales, un concert à l’affiche plutôt alléchante. Outre Jesse Sykes & The Sweet Hereafter, il y avait aussi Black Mountain dont on m’avait dit le plus grand bien, Phosphorescent que j’allais découvrir sur place (j’ai beaucoup apprécié les deux), et surtout Marissa Nadler dont l’album Songs III : Bird on the water, sorti l’an dernier, a énormément tourné chez moi ces dernières semaines. La voix de sirène de Marissa Nadler, ses ambiances envoûtantes et ses textes souvent très sombres m’ont d’ailleurs en partie inspiré ma dernière nouvelle en date (intitulée « Chanson pour la chimère »). Au plaisir du concert lui-même s’est ajouté celui d’une rencontre : après avoir tenté d’organiser des sessions Cargo qui sont tombées à l’eau – je m’y attendais, cela dit – on a eu la possibilité de filmer une chanson pendant la balance de Marissa Nadler, qui m’a également laissée la prendre en photo avant la balance. Je n’ai pas une grande expérience de ces choses-là, je ne suis pas très douée pour faire poser les gens, même si je commence un peu à prendre confiance en moi, mais je ne peux pas m’empêcher d’être impressionnée à chaque fois. Je garde un côté groupie, en fait : avoir devant moi quelqu’un dont la musique m’a touchée, même si c’est tout récent comme dans ce cas précis, ça me fait toujours quelque chose. Alors avoir carrément l’occasion de prendre des photos posées… J’ai d’excellents souvenirs de cette journée, mais le plus précieux, c’est sans doute celui de ces cinq minutes passées à photographier Marissa dans la cour de la Maroquinerie. Comme l’éclairage difficile ne m’a pas permis d’en prendre de bonnes pendant son concert, je tiens encore plus à ces quelques photos posées.

Très beau concert d’ailleurs, quoique très bref. J’aime décidément beaucoup sa chanson Mexican summer (qu’elle interprétait avec trois micros différents, chacun produisant un effet de voix particulier). Quand au set de Jesse Sykes (dont les photos sont disponibles ici), je l’ai apprécié davantage que celui de l’Européen l’an dernier, dont je gardais un souvenir mitigé. Je continue à penser que les concerts ne rendent pas justice à la subtilité de l’album Like, love, lust and the open halls of the soul, ne serait-ce que parce que la voix est moins mise en avant sur scène. Et la voix de Jesse Sykes, c’est quelque chose. J’aurais du mal à expliquer pourquoi le tout début d’Eisenhower Moon, la façon dont elle prononce la phrase « Is this still a good place to be ? », me fait autant d’effet, mais j’en ai eu la chair de poule pendant le concert. La seule manière dont je puisse décrire cette voix, c’est en disant qu’il s’en dégage par moments une impression de sagesse et d’expérience impressionnantes, comme si cette voix était plus âgée que Jesse elle-même, comme si c’était celle d’une personne ayant vécu deux ou trois existences. J’ai tellement écouté cet album l’an dernier que je pensais finir par m’en lasser ; je l’ai ressorti récemment et il ne me quitte de nouveau plus.

Et à part ça, Tom Waits revient à Paris en juillet, pour la première fois depuis un concert au Grand Rex en 2000 que j’ai toujours regretté d’avoir raté. Cette fois, j’ai une place au balcon – celles de l’orchestre étaient vraiment trop chères. À ce tarif-là, j’espère que ça en vaudra la peine.

Côté signatures, la suite des événements : Nancy ce samedi, Laval le week-end d’après, puis Grenoble le jour de la fête de la musique. Et ce n’est pas fini.

 

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