Blog : catégorie Salons et dédicaces - page 11

En revenant de Nantes

 

Pour une fois, je suis plus d’humeur à poster des photos qu’à rédiger un long compte-rendu (même si, me connaissant, je vais sans doute me laisser entraîner une fois lancée). Il faut dire que cette année, aux Utopiales de Nantes, j’étais moins dans l’ambiance que d’habitude et j’avais du mal à discuter avec les gens. Si j’ai donné l’impression de snober certaines personnes à l’occasion, je m’en excuse, mais j’avoue que j’étais franchement à côté de mes pompes à certains moments. Un collègue charitable qui se reconnaîtra m’a dit avoir effacé la plupart des photos qu’il a prises de moi le premier soir au motif que j’y étais quelque peu cadavérique. Je veux bien le croire.

 


Il y a eu tout de même de très chouettes moments, comme toujours. Pour ceux qui ne connaissent pas les Utopiales, je précise que c’est un salon où je vais moins pour rencontrer des lecteurs – ce festival s’y prête beaucoup moins que les Imaginales d’Epinal par exemple – que pour retrouver des collègues et amis, français ou étrangers. C’est un festival que j’ai toujours trouvé très convivial de ce point de vue : j’ai toujours passé plus de temps à bavarder autour d’un verre qu’à suivre les conférences. C’est aussi un endroit où je commence à mesurer le passage du temps. J’y allais cette fois pour la neuvième fois – depuis 2000, je n’ai manqué aucune édition. C’est là-bas que j’ai compris pour la première fois l’an dernier que le milieu de l’imaginaire avait changé depuis que j’y suis entrée. Des gens sont arrivés, d’autres ont disparu de la circulation, des habitudes se sont installées puis ont disparu. Du coup, c’est un endroit qui a tendance à me rendre nostalgique (le fait que novembre soit aussi le mois de mon anniversaire, période propice aux bilans, y est sans doute pour quelque chose). Un détail tout bête m’a déboussolée ces deux dernières années : le soir, l’ambiance des Utopiales est différente de ce que je me rappelle des éditions précédentes. Avant, tout le monde dînait au restaurant de la Cité des Congrès, poursuivait la soirée au bar et ça se finissait souvent en room parties improvisées au Novotel tout proche. Du coup, les groupes se croisaient et se mélangeaient pas mal, ce qui donnait souvent lieu à de chouettes rencontres imprévues. J’ai l’impression que ça se divise beaucoup plus en petits groupes désormais, chacun partant dans son coin à l’heure du repas sans forcément recroiser les autres ensuite. Ça me manque un peu, ça faisait partie de ce que j’aimais le plus aux Utopiales. Je ne sais pas si c’est lié à ça, ou au fait que je connaisse forcément de plus en plus de gens sur place, mais j’ai l’impression d’avoir passé mon temps à croiser des collègues et amis sans jamais avoir le temps de discuter. Cela dit, comme je l’expliquais plus haut, je n’étais pas hyper réceptive de toute façon.

 

Les chouettes moments des Utopiales, donc… Je crois qu’un des plus jolis souvenirs est une discussion totalement inattendue avec Delia Sherman, que j’avais croisée à la dédicace d’Ellen Kushner chez Scylla et sur qui je suis retombée alors qu’on traînait du côté du stand ActuSF. On a parlé de tout et de rien, des États-Unis et de la Louisiane en particulier (on ne se refait pas), de l’ambiance des conventions – Delia était visiblement ravie d’être là, mais un peu déboussolée par le fait de parler tour à tour anglais et français et de rencontrer tant de nouvelles personnes en si peu de temps. Je regrette de ne pas avoir eu plus de temps pour discuter avec elle et avec Ellen Kushner, que j’ai ensuite recroisée en dédicace, mais je les ai trouvées aussi adorables et chaleureuses l’une que l’autre.

 

Autre rencontre brève mais amusante : l’énergumène hilare et filiforme, doté d’un accent écossais à couper au couteau, connu sous le nom de Hal Duncan. Je me rappelais l’avoir croisé en 2005 à la convention mondiale de Glasgow, en compagnie notamment de mon amie Florence Dolisi qui allait devenir la traductrice de son roman Vélum. Et devinez de quoi on a parlé ? Du concert d’Amanda Palmer qu’il avait vu récemment à Glasgow et qui l’avait beaucoup impressionné lui aussi. Il était très intrigué par un des numéros du concert et me demandait si on y avait également assisté : un des membres du Danger Ensemble se faisant couper les cheveux pendant une reprise du Hallelujah de Leonard Cohen. Il faut dire que je portais le même T-shirt que sur ce dernier « autoportrait en chambre d’hôtel » de l’année, d’où notre sujet de conversation.


Je garderai aussi un bon souvenir de la plus longue interview que j’ai accordée à ce jour : deux séances de deux heures chacune avec Richard Comballot, qui interviewait pas mal de collègues sur place (Jérôme Noirez passait juste après moi). J’adore les interviews longues et fouillées qu’il publie dans Bifrost, donc quand il m’a contactée pour m’en proposer une, j’ai accepté tout de suite. Le temps est passé très vite, d’autant que le personnage est vraiment sympathique et sait tout de suite vous mettre à l’aise. L’interview ne paraîtra pas avant un bon moment, mais ce sera sans doute courant 2009.

 


Et puis dans la série des traditions loufoques qui constituent parfois le festival off… Si vous traîniez aux Utopiales l’an dernier, peut-être avez-vous entendu des gens se saluer par l’expression énigmatique « Bras, coudes, genoux ». Laquelle est apparue dans au moins deux livres publiés cette année par des collègues qui fréquentent le festival, et je ne serais pas surprise qu’il y en ait d’autres. Elle provenait d’une nouvelle roumaine, parue dans une anthologie préfacée par Jeff Vandermeer, qui faisait l’objet d’une traduction que l’on ne peut guère qualifier que d’improbable. À feuilleter, c’était déjà un grand moment de comique involontaire ; lu par notre camarade Sylvie Miller avec l’accent roumain, c’est devenu carrément épique. Un de mes passages préférés, qui me fait toujours autant marrer, donne quelque chose comme : « Il y a Alanis Morissette sur MTV, je vais aller me réjouir. Ça y est, je me suis réjoui. » Non, ça n’a pas plus de sens replacé dans son contexte. Cette année, l’ami Christophe Duchet ayant trouvé un bouquin encore plus improbable, un livre d’histoire tchèque qui recense des faits n’ayant strictement rien à voir les uns avec les autres, Sylvie a donné une deuxième lecture (avec l’accent) en fin de soirée dans le bar des Utopiales, sous les yeux d’un public que vous voyez ici médusé (Stéphane Manfredo), attentif (Xavier Dollo) et hilare (Carina Rozenfeld). Pour ceux qui avaient manqué l’épisode précédent, il y a eu une nouvelle lecture de la nouvelle roumaine le lendemain. Il va falloir frapper très fort pour trouver un texte qui soit à la hauteur l’an prochain.


 

Quelques photos en vrac… À force de traîner dans les parages de Daylon, RMD et Jérôme Lavadou, ça donne forcément envie de mitrailler. Même si je ne peux pas m’empêcher de jalouser le rendu de leurs photos prises au reflex – j’adore mon G9, mais très clairement, ça n’a rien à voir.


Ellen Kushner en dédicace.


John Lang
alias Pen of Chaos du Donjon de Naheulbeuk.

Qui a donc conseillé des bières locales à Hal Duncan ?

Ça le fait bien marrer en tout cas.

Le matin au bar du Novotel, Alastair Reynolds et Richard Morgan font les geeks.

Isabelle Troin, collègue traductrice que je connais principalement par forum et blog interposés et que j’ai croisée trop brièvement.

Joëlle Wintrebert et ses lunettes qui brillent dans le noir.

Quelques grammes de finesse dans un monde de brutes : fin de soirée difficile pour Catherine Dufour et Jérôme Noirez.

And now for something completely different Enfin pas tant que ça. Je ne sais plus si j’ai déjà parlé ici de mes deux dernières parutions, donc je les mentionne au cas où. D’abord un texte très court dans le livre-anniversaire de la revue Khimaira, Les enfants de la chimère. La nouvelle s’intitule « Chanson pour la chimère » et reprend certains éléments de « Serpentine » (l’un des personnages est le tatoueur Zacharie). L’autre texte paraît dans le premier numéro d’une revue dont je viens tout juste de recevoir mes exemplaires, Et donc, à la fin Je ne peux pas vous parler en détail du contenu, n’ayant eu que le temps de la feuilleter. Elle parle de littérature fantastique, de la peur en particulier, et contient entre autres des articles signés par Guy Astic et Jean Marigny. La nouvelle que j’y publie, « Le jardin des silences », est sans doute ma préférée parmi celles que j’ai écrites cette année. J’ai eu du mal avec certains aspects, du coup la rédaction s’est étalée sur trois semaines plutôt que sur quelques jours, mais je crois que je suis contente du résultat. Pour ceux que la revue intéresserait, vous pouvez vous renseigner ici pour vous la procurer. Coïncidence (ou pas), le texte est né en grande partie d’une chanson des Kills, Rodeo Town – les Kills que j’ai presque vus en concert la semaine dernière au Bataclan. « Presque » parce que je suis arrivée trop tard, que j’étais au deuxième rang derrière un jeune homme très grand, parce que le public hystérique avait visiblement envie de se défouler et a commencé à pogoter avant le début du set. Difficile d’apprécier un concert quand on mesure 1m57 et qu’on se retrouve écrabouillée contre le premier rang au point qu’on peut à peine bouger les bras. De temps en temps, quand ça ne bousculait pas trop, j’apercevais Jamie Hince et Alison Mosshart entre deux têtes. Ils avaient l’air très en forme, très complices, et Alison était plus tigresse que jamais – j’ai pu l’observer plus calmement quand le public s’est un peu assagi pendant No wow. Beaucoup de gens s’accordaient à dire que le concert était génial. Je regrette d’autant plus de n’en avoir presque rien vu. D’autant que c’est la première fois que j’ai entendais en live Cat claw que j’adore – même si je l’avais voulu, je n’aurais pas pu faire des bonds partout tellement ça se bousculait. Je crois que j’ai un mauvais karma avec les Kills. Je ne me sens pas très à l’aise au milieu de leur public, peut-être parce que j’ai dix ans de plus que la moyenne d’âge de leurs fans. Je suis ravie d’avoir vu cette année au moins un concert d’eux qui était exceptionnel, la Black Session à la Maison de la radio. Ça rattrape les plans foireux comme celui-là.

 

C’est tout pour ce soir – et comme je m’y attendais, je me suis laissée entraînée à rédiger un longue entrée. Je posterai peut-être d’autres photos des Utopiales plus tard.

 

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Des contes, des chansons, des images

Autant vous le dire tout de suite, cette entrée sera longue. Il y aura la partie « signatures et salons » au début (sans autoportrait, comme je n’ai pas logé à l’hôtel) et la partie musicale à la fin, avec des images et des extraits sonores.

 

Ce samedi, c’était donc le jour de la signature/lecture/spectacle avec Claude Mamier à la librairie « Au comptoir des rêves » de Reims. Claudio, je le connais depuis quelques années – on a publié nos premiers textes à peu près en même temps, à l’époque de la revue Ténèbres et de l’Oxymore et on s’est pas mal croisés à l’époque, comme il habitait Paris. Il a publié un premier recueil chez l’Oxymore (Récits des coins d’ombre) avant de partir trois ans faire le tour du monde, il est rentré en France depuis deux ans, habite désormais Albi, a publié un deuxième recueil (Les contes du vagabond) chez Malpertuis et donne régulièrement des spectacles de contes. Julien Ferré, le libraire, est un de ses amis que j’avais déjà croisé plusieurs fois et qui parlait depuis un moment d’organiser cette journée.

 

À ceux qui habitent Reims ou passent dans le coin, je conseille vivement d’aller faire un tour « Au comptoir des rêves » (6 rue du Barbâtre). Comme toute librairie spécialisée tenue par un passionné, c’est un endroit accueillant, qui l’est rendu encore plus par le décor. J’ai déjà vu des librairies qui faisaient également salon de thé, mais c’est la première fois que j’en vois une qui ait un véritable coin salon, avec des fauteuils très confortables. Quelques images pour vous donner une idée de l’ambiance.






L’après-midi commençait par une lecture d’extraits de nouvelles, suivi d’une dédicace. Le public n’a pas été très nombreux, mais c’étaient des passionnés, donc les discussions qui ont suivi les lectures ont été très chouettes. Il y avait d’ailleurs dans le public Simon Sanahujas, auteur lui aussi, qui sera en dédicace Au comptoir des rêves le 8 novembre. On s’était réparti les lectures entre Claudio, Julien et moi. Claudio a lu notamment la première partie de sa nouvelle « Musique des morts » qui m’avait pas mal marquée à l’époque de sa parution, et dont la mise en place du décor et de l’ambiance est assez frappante. Julien a lu en entier ma nouvelle « Les cinq soirs du lion ». Je pensais que le texte serait un peu confus à l’oral mais le résultat passait vraiment très bien. J’avais choisi pour ma part de lire deux extraits. J’ai adoré lire un passage tiré de « Mémoire des herbes aromatiques » : j’avais l’impression de me laisser gagner par la colère et le mépris qui sont ceux de Circé lorsqu’elle raconte à Ulysse sa version des faits, et c’était assez grisant. J’ai eu un peu plus de mal avec l’extrait de « La cité travestie », même si c’était agréable à lire.

 

Après la dédicace, Claudio a présenté un spectacle de contes adapté des écrits de Neil Gaiman : plusieurs extraits de Miroirs et fumées et de Sandman. Je l’avais déjà vu réciter des contes il y a quelques années mais j’ai été assez impressionnée samedi. Il a gagné en expérience, en assurance, il maîtrise vraiment l’espace, les mouvements, les intonations et il sait captiver l’attention du public. J’adore sa version de « Dream of a thousand cats » (extrait de Sandman) et aussi d’une nouvelle dont le titre français m’échappe mais qui s’appelait « We can make it for you wholesale » (l’histoire d’un type qui engage un exterminateur pour se débarrasser d’un gêneur, et à qui on propose des prix de gros s’il choisit plusieurs victimes).



Je crois que tout le monde, côté public, côté libraire et côté auteurs, était très content de cette après-midi. J’ai vraiment apprécié cette formule un peu particulière mélangeant contes, signatures et lectures, et il faut dire que le cadre s’y prêtait vraiment bien. Le retour a été très chouette aussi, j’ai continué à dévorer Mystic river dans le train, il y avait un rayon de soleil, j’étais un peu endormie mais contente. Une sorte de monstrueux coup de barre m’est tombé dessus au retour, mais j’ai eu quelques heures pour me poser avant de ressortir pour un concert qui a eu le bon goût de commencer à 18h30. Deux heures plus tard, j’étais rentrée chez moi, ce que j’ai particulièrement apprécié pour le coup.

 

L’an dernier, j’ai déjà consacré une entrée de blog à Suzanne Vega sur MySpace, donc veuillez m’excuser par avance si je me répète. J’ai constaté un phénomène curieux qui est que parmi les gens qui ont des goûts musicaux similaires aux miens, très peu écoutent Suzanne Vega, pour ne pas dire personne. C’est simple, je ne croise jamais de gens que je connaisse à ses concerts, ce qui est quand même inhabituel. Pourtant, ses albums ne sont pas très différents de ce que font pas mal d’artistes folk considérés comme nettement plus tendance. Je crois qu’il y a un énorme malentendu autour de sa musique. Pour certaines personnes, c’est juste une chanteuse folk un peu gnan-gnan qui ne mérite sans doute pas qu’on s’arrête sur ses albums ; pour d’autres, une chanteuse qui a fait deux tubes un peu par accident dans les années 80 avant de disparaître de la circulation (alors qu’elle sort régulièrement des albums, mais beaucoup ont cette impression). Vous avez tous déjà entendu au moins Luka et/ou le remix qui avait été fait à l’époque de Tom’s diner (morceau qui est a cappella à l’origine), et je me rappelle que Solitude standing passait pas mal à la radio quand j’étais ado. Ce qui me fait rire (jaune), c’est de songer au nombre de personnes qui ont retenu les deux premières phrases de Luka (« My name is Luka/I live on the second floor ») et qui n’ont pas la moindre idée de ce dont parle la chanson – le Luka en question est un enfant battu. Le texte est terrible, justement parce qu’il est extrêmement simple et pudique. Il y a deux passages que je trouve très forts en particulier : « Yes I think I’m ok/Walked into a door again/If you ask, that’s what I’ll say/It’s not your business anyway » et plus loin « They only hit until you cry/After that, you don’t ask why/You just don’t argue anymore ». Les arrangements ont mal vieilli, comme une grande partie du magnifique album Solitude standing, la chanson est lassante quand on l’a trop entendue, mais j’admire vraiment la force de ce texte qui n’a l’air de rien si on l’écoute distraitement.

 

Pour tout vous dire, il y assez peu d’artistes dont j’ai passé des heures à décortiquer les textes parce qu’ils me fascinaient indépendamment de la mélodie. Il y a bien évidemment Nick Cave, Paddy MacAloon de Prefab Sprout il y a déjà un certain temps, Joni Mitchell pour une poignée de chansons, tout récemment Amanda Palmer, et avant tous ces gens-là, Suzanne Vega. Je l’admire beaucoup comme musicienne, mais peut-être encore plus comme écrivain. L’an dernier, je me suis de nouveau penchée sur ses paroles après la sortie de l’album Beauty and crime, qui dit de très belles choses sur le vieillissement, le deuil, le temps qui passe, un album écrit par une femme qui voit approcher la cinquantaine et qui a connu son lot de deuils et de déceptions amoureuses. C’est là que je me suis rendu compte que ses textes me parlaient différemment selon l’âge auquel je les écoute. Je suis de plus en plus touchée par une chanson comme Gypsy qui parle d’un Anglais qu’elle a connu dans sa jeunesse et qui a été son amant, alors que je ne l’appréciais pas plus que ça vers 15/20 ans.

 

Étant d’humeur un peu larme à l’œil ce dimanche, pour des raisons qui tiennent essentiellement à un début de crève et au manque de sommeil, je savais que ses chansons feraient vibrer certaines cordes encore plus fort que d’habitude. Comprenez : je m’attendais à me mettre à chialer en plein concert, comme ça me l’avait fait l’an dernier en entendant Gypsy. Ça n’a pas raté. Non pas une fois, deux fois, mais trois fois. Il faut dire qu’elle jouait ce soir en acoustique, en duo avec un bassiste, ce qui donne un impact particulier à sa musique – j’apprécie toujours un peu moins quand elle joue en groupe, ça donne des sets assez carrés et moins surprenants, et sa voix et ses mélodies sont moins mises en avant. Donc, première grosse bouffée d’émotion quand elle a joué non pas Gypsy cette fois, mais sa chanson jumelle, In Liverpool, qui parle du même homme. C’est peut-être ma chanson préférée de son répertoire, et comme cette version dépouillée était vraiment très belle, ça a fait remonter pas mal de trucs et ça m’a vraiment prise à la gorge.

 Un peu plus tard, Rosemary vers la fin du concert. Et là, re-boum. Je précise qu’étant une madeleine par nature, il m’arrive de temps en temps d’avoir la larme à l’œil en concert, mais ce sont plus rarement les grandes eaux comme ce soir. Rosemary, c’est une inédite peu connue, assez classique et qui n’apporte sans doute rien de neuf par rapport à ce qu’elle a fait avant, mais je trouve qu’il se passe quelque chose de magique dans le refrain. J’aime particulièrement cette phrase très imagée : « I had come to meet you/With a question in my footstep ». C’est la chanson que j’espère entendre chaque fois que je la vois en concert, et j’y ai droit une fois sur deux. Et au rappel, Anniversary. Une chanson en demi-teinte que je trouve très émouvante, qui évoque les fantômes qui peuplent les rues de New York et en filigrane le souvenir du 11 septembre. Et re-re-boum. Elle m’a prise aux tripes encore plus que d’habitude. Je devais être d’humeur à ça.

 

Pour le reste, la setlist était quasi parfaite. Pas mal de mes préférées en live (en plus des trois morceaux que je viens de citer : Caramel, Gypsy, Calypso, World before Columbus qui me fait toujours penser à ma frangine qui apprenait à la jouer à la guitare quand on habitait chez nos parents). Un seul morceau que je n’aime vraiment pas (Frank & Ava). Quelques versions vraiment surprenantes, comme chaque fois qu’elle joue en acoustique : là, c’étaient les deux morceaux les plus énergiques du concert, When heroes go down et surtout Tombstone dans des versions franchement excellentes. Un effet très curieux à la fin de Tom’s diner, chanté a cappella : lorsqu’elle marque une pause juste après « As I’m listening to the bells of the cathedral », le dernier mot a résonné comme si on se trouvait réellement dans une cathédrale. Je ne sais pas si l’effet était voulu mais ça a bien fait rire la salle.

 

Je commence à l’avoir pas mal vue depuis la tournée de Nine objects of desire en 1997. Je connais son numéro par cœur, les histoires qu’elle raconte entre les morceaux, je sais plus ou moins à quoi m’attendre mais il y a toujours des moments qui me surprennent. Il se passe toujours, à un moment ou un autre, quelque chose de vraiment poignant. Le fait que j’écoute sa musique depuis l’âge de quinze ans, surtout l’album Solitude standing, doit accentuer l’effet. Mais décidément, j’adore cette voix, ce sens de la mélodie qui touche à l’évidence, l’univers qui se dessine dans ses paroles. Je suis entrée dans la salle de concert totalement naze, un peu grincheuse parce que j’étais moins bien placée que d’habitude, avec l’envie de m’affaler contre la scène pour m’endormir sur place, et puis elle est arrivée, elle a joué les premières notes de Marlene on the wall et soudain j’étais vachement contente d’être là.

 

Pour ceux qui voudraient mettre des sons sur les titres cités dans cette entrée, plusieurs sont en écoute ici, puisque Deezer est mon nouvel ami.

 

PS : J’ai bien conscience que je passe mon temps à râler que je suis naze en ce moment, mais là, tout de suite, j’ai l’impression d’avoir le double de mon âge. L’avantage, c’est que demain au réveil, j’aurai rajeuni de 31 ans. J’attends ma grasse matinée de dimanche prochain avec une impatience, je ne vous dis que ça.

 

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Les 48h du Mans

 

L’énigme du jour : comment se fait-il que je me traîne comme un zombie alors que ça fait deux semaines que j’émerge quasi systématiquement deux heures après le déclenchement du réveil ? Dans ces périodes-là, il n’y a aucune solution qui marche, et c’est comme ça qu’on se retrouve à perdre les deux heures de la journée où l’on est le plus efficace – du coup, la journée de boulot commence mal. Il doit y avoir un rapport avec ce que j’appellerais l’humeur changeante des salons : le samedi matin, je me réveille toute guillerette à 6h ou 7h du mat pour filer à la gare et je suis toute contente de revoir les copains et de partir en vadrouille. Le dimanche soir, je m’endors dans le train au retour, je ne rêve que d’un week-end peinard où dormir dix ou douze heures d’affilée et j’ai même la flemme de rentrer chez moi en métro.

 

Ce week-end au Mans, c’était ma dernière grosse expédition Bragelonne. Avec dans les rôles principaux : Laurent Genefort qui était au programme des trois quarts des salons que j’ai faits cette année, Adriana Lorusso que j’avais surtout vue à Nancy, et Anne Guéro (moitié de l’auteur bicéphale Ange) qui commence la promo de son nouveau bouquin et qui va prendre le relais maintenant que je ralentis la promo des miens. Anne était d’ailleurs ma voisine de signature et ça m’a fait bien plaisir de pouvoir bavarder avec elle, vu qu’on s’est peu croisées cette année. On a un numéro d’« ennemies jurées de trente ans depuis trois ans » qu’on ressort de temps en temps (longue histoire), mais on n’a pas poussé très loin cette fois-ci. On a un peu le temps aussi de sympathiser avec deux auteurs jeunesse que je n’avais croisés que de loin ailleurs, Loïc Le Borgne et Carina Rozenfeld. Quelques photos de tout ce beau monde :


Anne moitié d’Ange incognito et Loïc Le Borgne en arrière-plan

Carina Rozenfeld, c’est écrit dessus

Laurent Genefort et Adriana Lorusso au travail


Anne fait la promo de son livre

Du coup, je contre-attaque :


 

Que dire du Mans sinon que la ville est très jolie, le salon très fréquenté, et que j’ai eu une forte impression de déjà vu en débarquant sur les lieux et en y croisant tout un tas de visages déjà aperçus au salon de Nancy. J’ai revu Elisabeth Barrière, ma voisine de table du Livre sur la place, entrevu Richard Bohringer, reconnu sur les stands des couvertures de livres déjà vues là-bas. C’était assez troublant, comme si on avait simplement changé le décor autour de nous. Et puis au Mans, on mange aussi très bien. Il y a un chouette restau africain nommé le « Baobab » où j’ai découvert entre autres les alocos (morceaux de bananes plantain frites). Pour l’anecdote, on venait d’évoquer divers gags de Gaston Lagaffe avec Anne quand on est arrivés devant le restaurant. Est-ce que la photo ci-dessous ne vous rappelle pas certain fauteuil inventé par Gaston ?

 

À ma grande surprise, vu que je lis peu en ce moment, je me suis retrouvée en train de commencer non pas un mais deux livres ce week-end. Après un dernier calva au bar de l’hôtel avec les collègues, je décide de lire les premières pages de Mystic river de Dennis Lehane avant extinction des feux, histoire de ne pas être trop crevée le lendemain. Et puis je me laisse happer et je décide d’aller jusqu’au bout du prologue – c’était la partie du film de Clint Eastwood que je me rappelais le mieux . Et hop, une demi-heure de sommeil en moins. Ce n’est rien de dire que c’est prenant, même quand on connaît déjà l’intrigue. J’aime beaucoup notamment la façon dont Lehane évoque l’aliénation de Dave, un gamin déjà paumé à la base, après son enlèvement par deux pédophiles. C’est juste, bien vu, efficace et pudique à la fois. J’ai hâte de lire la suite.

 

Rebelote le lendemain sur le stand de la librairie. Je décide de feuilleter Le grand pays, le nouveau livre d’Ange dont la couverture m’a tapé dans l’œil. Il faut dire qu’assortie à la nappe rouge, elle en jette encore plus. La première phrase m’intrigue : « À 11 heures, ils demandèrent à Malïn de se suicider ». Je m’enfile la première page dans la foulée. Une ou deux heures plus tard, j’ai englouti cinquante pages. J’ai lu un tiers du livre sur la journée entre deux signatures. J’irais jusqu’à dire que ça se lit vraiment très bien. Le tout début, notamment, est particulièrement prenant et joliment écrit. Et me voilà avec un livre de plus sur ma pile (déjà bien entamé, cela dit).

 

Et maintenant, la rubrique que vous attendiez tous impatiemment sans le savoir : le retour des autoportraits dans les chambres d’hôtel. Je ne pouvais pas y couper cette fois-ci. D’une part, je ne vais plus avoir beaucoup d’occasions dans les semaines qui viennent. D’autre part, je venais d’avoir une discussion sur le sujet avec Jesse Sykes après la session de mercredi au Père-Lachaise (voir entrée précédente), vu qu’elle fait la même chose quand elle loge à l’hôtel en tournée. Elle me disait qu’elle trouvait ça intéressant comme instantané d’un moment donné. De mon côté, je trouve assez ludique d’essayer de faire chaque fois quelque chose de différent à partir d’une même consigne de départ, même si les circonstances ne permettent pas souvent de faire des trucs plus originaux comme se photographier en double (cf salon de Nancy). Si ça intéresse des gens, la série se trouve sur Flickr.





(Vous aurez bien sûr reconnu le couvre-lit caractéristique des hôtels Ibis.)
 

Toujours à propos de photos, si je trouve le temps, je vais essayer cette semaine de remettre à jour deux pages de mon site : l’album photos des signatures et salons, et la collection de T-shirts. C’est pas gagné.

 

Prochaine signature : samedi prochain à Reims. Ça se passera à la librairie « Au comptoir des rêves » (6, rue du Barbâtre) avec aussi Claude Mamier. De 15h à 17h, lecture d’extraits de nouvelles par Julien le libraire, Claudio et moi-même suivie d’une dédicace. J’ai choisi un extrait de « La cité travestie » et un autre de « Mémoire des herbes aromatiques » et il devrait y en avoir un troisième en ce qui me concerne. A 18h, Claudio donnera également un spectacle de contes inspiré par les écrits de Neil Gaiman. Je l’avais entendu il y a quelques années réciter sous forme de conte le « Dream of a thousand cats » tiré de Sandman et le résultat était très chouette. Venez nombreux, etc, etc.
 

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Addendum : les photos du cousin Machin

Puisque on vient de m’y autoriser, je m’apprête à dévoiler des photos exclusives aux yeux du monde ébahi. Suite au café littéraire d’hier sur les monstres, j’eus la surprise d’assister à la métamorphose de Charlotte Bousquet du blog d’à côté en cousin Machin de la famille Addams (ou comment se mettre dans la peau du personnage pour mieux écrire du point de vue des monstres).

Etonnant, non ?

Notez le T-shirt « Je suis méchante » qui fait écho à celui de Fablyrr montré ici-même la semaine dernière.

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Meet ze monsta

 

Nous sommes dimanche matin (14h, c’est encore l’aube) et je suis chez moi. Ça fait tout drôle. J’ai un peu pris l’habitude cette année d’être en vadrouille le week-end et de me réveiller le dimanche à l’hôtel à des heures pas possibles (genre 7h la semaine dernière à Liévin) pour aller retrouver les collègues et choper le petit déjeuner à temps. Donc, disposer de mon dimanche pour faire la grasse matinée, glander en écoutant de la musique, trier des photos, faire la cuisine, voire jouer à WoW, c’est très agréable. Peut-être même que je prendrai un moment pour m’occuper de mon site, la page de l’album photos des salons et celle de la collection de T-shirts attendent d’être remises à jour.

 

C’était donc hier que se déroulait le café littéraire organisé par l’association Muses et merveilles sur le thème des monstres. Déjà, je ne pouvais qu’être ravie du choix du Kata Bar. Je n’y étais allée que deux ou trois fois mais j’adore la décoration. Un bar où l’on croise un cercueil juste à côté des toilettes ne peut pas être fondamentalement mauvais. Je ne sais pas pourquoi, mais alors que je m’extasiais sur les chaînes accrochées aux mur et sur les tabourets au motif léopard en disant que ça me rappelait la déco de mon appart, on m’a regardée bizarrement. Quelqu’un a émis la suggestion que c’était parce que mon studio aussi est très sombre (je vous rassure, il ne l’est quand même pas à ce point, même si l’absence de lumière commence à me donner de sérieuses envies de déménagement). Franchement, vous ne trouvez pas une ressemblance entre ça :

 

 

Et ça ?

 

 


 


Note : le Kata Bar, ce sont les photos du haut, et mon appart celles du bas. Je précise au cas où. Le dragon m’a bien éclatée, il y a exactement le même dans les locaux de Bragelonne et je crois qu’ils viennent tous deux de l’ancienne librairie Arkham.

 

Le café littéraire lui-même s’est très bien passé. J’avoue qu’on appréhendait au début de nous retrouver à parler devant une salle quasi vide – ça fait partie des risques de ce genre d’événement, on a déjà tous connu ça. Mais la petite salle du sous-sol du Kata Bar était finalement plutôt bien remplie. L’endroit et la lumière créaient une ambiance vraiment particulière, parfaite pour parler de monstres. On a un peu tâtonné au départ avant de trouver nos marques, mais la discussion a bien décollé ensuite. On a pas mal parlé du « monstre » intérieur, du rejet de l’autre différent qu’il incarne, du fait qu’il soit finalement beaucoup plus rassurant de considérer le monstre comme totalement mauvais – une créature dangereuse et « pas comme nous » − plutôt que de nuancer les choses, voire d’essayer de le comprendre. Charlotte Bousquet parlait notamment de la figure du vampire et du fait qu’on puisse choisir d’adopter le point de vue de la proie, et le voir alors comme un monstre sanguinaire, ou au contraire son point de vue à lui : il est comme ça, c’est sa nature. J’ai aussi trouvé très intéressant d’écouter Alain Mathiot parler des monstres en tant qu’illustrateur, du fait de réfléchir à l’anatomie des créatures en étant obligé de respecter une certaine logique et de bien réfléchir aux détails. Je me suis fait la réflexion que c’était beaucoup plus facile pour nous, en tant qu’auteurs, de pouvoir décrire un monstre en quelques lignes allusives sans forcément rentrer dans les détails. J’ai été amenée à parler aussi de la femme-araignée qui apparaît dans une des nouvelles de Notre-Dame-aux-Ecailles, en expliquant que non seulement je ne sais pas pourquoi c’est une araignée qui s’est imposée, mais que je la trouve finalement plus belle que monstrueuse.

 

La soirée s’est poursuivie par le vernissage de l’exposition d’Alain Mathiot – je vous conseille vivement d’aller y jeter un œil, il y a de très belles choses. J’ai été impressionnée notamment par le jeu d’ombres et lumières qui créait un relief intéressant sur l’un des grands tableaux. Pour vous en donner une idée plus précise, vous pouvez jeter un œil à son blog. L’exposition se tiendra tout le mois d’octobre au Kata Bar (37 rue Pierre Fontaine, métro Blanche). Pour en revenir au vernissage, il a donné lieu à quelques moments surréalistes tandis que nous admirions la déco et les tableaux en buvant du punch. Un écran géant diffusait le Frankenstein de James Whale avec des sous-titres en russe, et quelle ne fut pas notre surprise de voir des personnages se mettre à danser en s’alignant précisément sur le rythme de la chanson qui passait. Ce qui prend tout son sel quand on sait qu’il s’agissait du Cannonball des Breeders. Très bon point au passage pour la musique diffusée au Kata Bar : moi, quand la première chanson que j’entends en remontant du sous-sol est Ain’t it strange de Patti Smith, suivie un peu plus tard par A forest de Cure, je suis sur un nuage. Je suis un être simple et facile à contenter. Enfin de temps en temps, après un verre de punch.

 

Plus tard dans la soirée, j’eus l’occasion non moins surréaliste de croiser le cousin Machin de la famille Addams, mais ceci est une autre histoire. J’ai des photos mais c’est top secret (à moins que la propriétaire du cousin Machin ne m’autorise à les dévoiler).

 

Un grand merci en tout cas à l’association Muses et merveilles pour l’organisation de ce café littéraire (ils en ont d’autres en projet, affaire à suivre), à Antoine Desroches (en photo ci-dessus) qui animait le débat, et aussi à ceux qui étaient venus nous écouter.

 

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