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Des lectures, des aiguilles et des guitares

 

Pour ceux qui n’ont pu assister à la récente soirée de lancement d’Ainsi naissent les fantômes de Lisa Tuttle chez Scylla, et qui souhaiteraient feuilleter le livre pour s’en faire une idée avant de le commander, sachez qu’il commence à être disponible dans différents points de vente : la librairie Les Quatre Chemins à Lille, la librairie Sauramps à Montpellier, et pour les Parisiens, L’Antre-Monde et le Virgin des Champs-Elysées. Il devrait y en avoir également des exemplaires disponibles le samedi et le dimanche aux Imaginales d’Epinal. Les Imaginales où sera remis le prix du même nom, pour lequel Kadath est finaliste dans la catégorie « Prix spécial ». Il est également finaliste du Grand Prix de l’Imaginaire remis début juin, dans la même catégorie. Croisons les doigts et les tentacules.

 

Sur une note plus personnelle, ceux qui me connaissent de plus ou moins longue date ricaneront en apprenant qu’au moment de me faire retirer un petit angiome sur l’abdomen en clinique dermato, nonobstant ma quasi-phobie des aiguilles, du médical et la perspective de la piqûre d’anesthésie et des points de suture, ma principale contrariété aura été de me voir priver de sport pour un mois. Ne dirait-on pas qu’on change en vieillissant, et pas toujours comme on s’y attendrait. C’est qu’une fois lancé, on prend goût à la séance de piscine hebdomadaire et aux exercices de muscu devant Dr Who ou Game of Thrones. D’accord pour arrêter la piscine, mais les exercices avec mini-haltères, c’est peut-être négociable quand même ? (Et là, je vois mon moi non-sportif d’il y a dix ans qui me regarde et qui ricane.)

 

Dans la foulée, réveillée à trois heures du matin par la cicatrice qui tiraillait un peu, j’en ai profité pour terminer Mrs Dalloway acheté à Londres et lu par petits bouts ces trois dernières semaines. J’ai toujours eu l’intuition que Virginia Woolf était un auteur pour moi, mais je n’avais jamais osé me lancer. Je ne prétendrai pas avoir tout compris à Mrs Dalloway : ça reste une lecture exigeante par ses choix stylistiques. Mais le fameux stream of consciousness qui nous balade dans les pensées des différents protagonistes est un sacré tour de force. Je me suis régulièrement demandé en cours de lecture comment il était possible, concrètement, de planifier un roman pareil. Je suis passée à côté d’une grande partie du livre, faute d’avoir la concentration nécessaire, mais il m’a fait la même impression que The Waste Land de T.S. Eliot lu récemment : celui d’une œuvre qu’on peut également apprécier en y piochant des bribes sans forcément appréhender l’ensemble. De temps à autre, on tombe sur une phrase, une métaphore, qui dit quelque chose qu’on n’avait jamais vu décrit avec une telle justesse. L’intrigue est banale, en somme : une journée dans l’existence de personnages ordinaires. Mais la manière d’explorer ces existences l’est nettement moins. C’est un de ces romans qui vous donnent par moments l’impression de toucher du doigt à l’essence de l’expérience humaine, et d’y être soi-même relié. L’impression aussi, plus confuse, de comprendre plus de choses sur le(s) fonctionnement(s) de l’être humain qu’on n’en avait conscience. J’avais le sentiment à certains moments que je n’aurais pas reçu ce roman de la même manière il y a encore deux ans, parce que je n’étais pas la même personne et que je n’y aurais pas entendu les mêmes choses. L’effet est assez troublant. Je vais attendre un peu avant de poursuivre mon exploration des livres de Virginia Woolf, mais je comprends maintenant pourquoi on la considère comme un grand écrivain.

 

Et maintenant, par quoi enchaîner ? Le dernier Tonino Benacquista ou la relecture de Dix petits nègres (par la faute du Docteur, évidemment) ? J’aurai justement douze heures de train à meubler la semaine prochaine, pour me rendre au salon « Le Grimoire » à Toulouse où je participerai à une rencontre le samedi midi.

 

 

 

Côté musique, quelques photos de concert sur le Cargo : cette fois, c’est Jesse Sykes & The Sweet Hereafter, souvent nettement meilleurs sur disque que sur scène – mais pas cette fois. Les chansons les plus aériennes de l’album Like, love, lust and the open halls of the soul passent parfois mal la barrière de la scène, faute d’être interprétées avec la subtilité nécessaire, mais le récent Marble son, avec ses guitares hypnotiques et sa construction en montagnes russes, semble taillé pour être joué en live. C’était court mais puissant à souhait.

 

 

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