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L’abri des regards et le feu des projecteurs

 

Une brève note depuis mon bureau itinérant délocalisé pour quelques jours chez des amis traducteurs du Tarn (car le traducteur est un animal grégaire qui migre parfois vers d’autres nids), pour signaler un projet que je suis depuis quelques jours avec beaucoup d’intérêt. Laurent Gidon, auteur de fantasy publié notamment chez Mnémos (Djeeb le chanceur) et Le Navire en pleine ville (Aria des Brumes), vient d’ouvrir un blog consacré à la pré-publication en ligne d’un livre qui connaîtra plus tard une parution papier : L’Abri des regards. Il s’agit d’un ouvrage autobiographique relatant la dépression dont son père fut victime, et qui le conduisit au suicide, puis ses propres efforts à l’âge adulte pour ne pas suivre le même chemin. Trois chapitres sont en ligne à l’heure où j’écris ces lignes. L’écriture et juste et touchante, sans complaisance. Comme pas mal de gens, le sujet de la dépression me touche de près : j’ai connu ça aussi, je vis dans la trouille d’y retomber un jour, et plusieurs personnes de mon entourage en ont également souffert. C’est un sujet dont il est souvent difficile de parler, même avec les gens qui sont passés par là. Pas tellement à cause d’un tabou qui me semble beaucoup moins fort qu’avant, mais plutôt parce que la dépression prend des formes extrêmement diverses, et que chacun en fait une expérience qui lui est entièrement propre (ce qui la rend parfois d’autant plus difficile). L’ouvrage de Laurent Gidon m’intéresse d’autant plus à ce titre. L’adresse du blog : http://abridesregards.wordpress.com/

 

Sur un sujet pas tellement éloigné, j’ai été moi-même surprise d’être à ce point touchée par le décès d’Amy Winehouse appris hier soir. Je n’étais pas vraiment fan, et le personnage ne m’intéressait pas spécialement, mais je lui reconnaissais une très belle voix et quelques très bons morceaux. Mais je suis intriguée par la persistance du mythe rock’n’roll un peu malsain qui veut que les stars se consument le plus vite possible et meurent très jeunes. En apprenant la nouvelle, j’ai pensé tout de suite à Janis Joplin, pas à cause d’un quelconque rapprochement musical, mais simplement parce que j’ai été stupéfaite récemment de découvrir qu’elle aussi était morte si jeune – et visiblement, je ne suis pas la seule à y avoir pensé. La fascination qu’exerce ce cliché me laisse perplexe. Rien de flamboyant là-dedans : c’est juste une forme comme une autre de suicide, qui masque certainement une grande détresse. Chacun sa façon de l’exprimer, et si ça transforme certains en personnages un peu grotesques dont les frasques font les joies des tabloïds, il n’y a là rien de glorieux ni de risible. C’est juste moche de mourir à 27 ans, quelles que soient les circonstances et quoi qu’on puisse penser du personnage. C’est triste et moche, tout simplement.

 

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