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Léonore en bord de route

Hier soir, alors que j’étais en train de rapatrier des entrées de mon blog MySpace sur celui-ci, j’ai reçu un mail du dessinateur Boulet, mon voisin de dédicace du festival Kultima/Japan Expo. Il venait de commencer à lire Serpentine et s’était amusé à illustrer une des nouvelles du recueil. Je vous présente donc Léo, l’un des personnages de « Nous reprendre à la route », revue et corrigée par Boulet.


Je crois bien que c’est la première fois que je vois une illustration inspirée par un de mes textes (exception faite des couvertures des livres, mais c’est autre chose). Et le pire, c’est que Léo ressemble vraiment à l’image que j’avais en tête quand j’écrivais la nouvelle. Là, ça ne se voit pas trop, mais il y a même le chat Cassiel dans un coin. Vous n’imaginez pas à quel point ça m’a fait plaisir.

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Attention, peinture fraîche

En réalité, je triche : je tiens déjà un blog depuis un peu plus d’un an sur ma page MySpace, mais j’ai décidé de le déménager pour raisons pratiques (même si je pense continuer à y poster des entrées en parallèle). La peinture de ce nouveau blog est encore en train de sécher, je bricole dans les coins, j’évacue les toiles d’araignée, mais j’ai déjà réussi à installer un lecteur de playlist Last.fm – c’est qu’il y a des priorités dans la vie.

Donc, bienvenue sur ce nouveau blog, installez-vous et servez-vous à boire, je vais commencer à pendre la crémaillère en rapatriant quelques-unes des entrées les plus récentes de l’autre blog. Ça parlera souvent de musique, de mes livres et des salons auxquels j’ai participé récemment, d’autres trucs divers et variés. Mais ne vous étonnez pas si vous voyez le décor changer à vue d’oeil dans un premier temps.

Et faites gaffe à la peinture, au passage.

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Kultima Esperanza (ou l’entrée la plus longue et la plus décousue de l’année)

(Entrée postée sur MySpace le 06/07/08)

La geekette en moi est heureuse. Partie de chez elle ce matin avec le moral en berne (sans compter qu’elle était mal réveillée), elle est allée faire le plein de bonnes ondes geek à Japan Expo/Kultima et rentre toute guillerette et bondissante (nan, ce n’est pas seulement parce que je me suis acheté des badges Jack Skellington et deux T-shirts). J’ai adoré ce festival. J’ai une culture manga plutôt limitée (ça m’intéresse sans que j’aie jamais pris le temps de creuser) mais je me sentais dans mon élément, il y a quelque chose dans cette ambiance festive qui me parle vraiment. Le fait de trouver des Totoro et des Jack Skellington à tous les coins de stand doit y être pour quelque chose. Y avait aussi du Hello Kitty mais ça me touche déjà moins. Je suis fascinée par la foule hétéroclite qu’on y croise, par le côté extrêmement coloré des tenues – de la dentelle, des rayures, de la peluche, de préférence dans les tons noir et blanc, noir et rouge, noir et fuchsia. C’est là que je vois à quel point je suis attirée par toute l’esthétique manga et gothique, même si ce n’est pas réellement mon univers. (Note : s’il lit ce blog, Bruno B. Bordier est prié de s’abstenir de tout commentaire.)

 

Et puis il y a les costumes. Faute d’avoir une culture manga suffisante, j’ai dû rater pas mal de références, mais le soin apporté à leurs costumes par les cosplayeurs et autres visiteurs est proprement hallucinant. J’ai souvenir d’une scène un peu surréaliste ce matin, alors que je participais avec Laurent Genefort et Sarah Ash à une table ronde sur la fantasy : on a vu passer derrière le public un homme habillé en ange avec d’immenses ailes blanches (aussi grandes que lui sinon plus). Le public n’a pas dû s’en rendre compte, mais depuis l’estrade, on le voyait nettement. J’ai pensé aussitôt à Jant Shira, le héros de L’année de notre guerre de Steph Swainston que j’ai traduit il y a quelques années, et ça m’a donc amusée d’entendre ensuite Sarah Ash mentionner au cours du débat le mouvement « new weird » auquel se rattache justement ce livre. Accessoirement, Sarah, qui est anglaise, m’a vraiment bluffée en parlant français pendant une bonne partie de la table ronde. Il avait été question que Laurent et moi lui servions d’interprètes mais ça n’a pas été nécessaire, elle n’est repassée à l’anglais que pour une seule question. Je l’avais déjà croisée brièvement mais ça été un vrai plaisir de la revoir et de signer à la même table, elle est vraiment d’une grande gentillesse. J’en ai profité pour lui faire signer le premier volet de sa trilogie des Larmes d’Artamon, comme je n’ai encore rien lu de ce qu’elle écrit. De l’autre côté de la table, j’avais pour voisin le dessinateur Boulet qui a enchaîné les dédicaces sans temps mort tout l’après-midi (très sympa lui aussi, et je conseille son blog très rigolo en ligne ici).

 

Parmi les autres chouettes moments, une conférence donnée vendredi sur le thème de la « bit lit » avec Alain Névant et Isabelle Varange de Bragelonne. La « bit lit », c’est le surnom donné à un courant du fantastique qu’on pourrait, en schématisant grossièrement, décrire comme un équivalent littéraire de Buffy – personnages féminins aux prises avec les problèmes du quotidien aussi bien qu’avec des éléments surnaturels. Je connais mal ce sous-genre mais je participais en tant que traductrice de Kelley Armstrong dont les romans s’y rattachent. La conférence a plutôt bien pris, ça m’a permis de dire du bien de cette série que j’aime beaucoup, d’expliquer que je m’attendais à tort à un truc un peu fleur bleue mais que j’avais été surprise par l’aspect très sensuel de la série, surtout dans les volets consacré à l’héroïne loup-garou Elena. Le rapport d’amour/haine qu’elle entretient avec Clay, son amant loup-garou, est particulièrement savoureux. Et puis ça nous a permis de parler de Buffy comme les trois geeks en puissance que nous sommes (me croirez-vous si je vous dis que lors du trajet en voiture vers la soirée Bragelonne qui avait lieu ensuite, nous avons écouté la BO de l’épisode musical et que nous connaissions les paroles par cœur ?)

  

(Note pour Lionel D. : comme par hasard, le stand Bragelonne était situé à côté du stand World of Warcraft. Même quand je reste deux mois sans jouer par manque de temps, le jeu me poursuit. Une vraie malédiction, ce qui ne manque pas de sel quand on sait que mon personnage principal est une démoniste.)

 


 

À part ça, je suis embêtée. Ce matin, mal réveillée, j’ai commencé à griffonner des notes pour une entrée de blog consacrée à un sujet qui me tournait dans la tête et sur lequel j’ai déjà pas mal cogité. C’était parti de la conjonction de plusieurs éléments : une rencontre avec des lecteurs l’autre jour, un coup de blues aux allures de crise de parano qui a disparu depuis (merci Japan Expo) et la lecture du blog d’Amanda Palmer, membre des Dresden Dolls dont je parlais récemment ici. Sauf que, d’une part, je ne suis plus du tout dans le même état d’esprit que ce matin, et d’autre part, je ne sais plus trop où je voulais en venir. Essayons de trier tout ça avec ordre et méthode (ou d’en retrouver en tout cas le fil conducteur).

  

Donc, par rapport à ces rencontres avec des lecteurs. Il y a une chose qui continue à me surprendre, même si je m’y suis un peu habituée. Je n’ai pas énormément de lecteurs, mais je sais qu’il y en a parmi eux qui ont réellement été touchés par ce que j’écris. J’ai toujours l’impression que ça va paraître prétentieux d’écrire ça, mais c’est juste quelque chose que j’ai constaté au fil des années. De temps en temps, des gens viennent me parler et je vois ce truc-là dans leur regard, ils ne sont pas juste en train de me dire qu’ils ont passé un bon moment à la lecture du livre mais que ça leur a réellement parlé. Il y a quelque chose de vraiment précieux dans ces moments-là, pas seulement parce que ça fait du bien à l’ego (je mentirais si je disais le contraire) mais parce que je constate qu’à partir d’une démarche assez égoïste, puisqu’on écrit avant tout pour soi, il arrive un moment où l’on atteint quelque chose de plus universel. Un moment où l’on écrit quelque chose qui va prendre un sens pour les autres, et je crois qu’on ne le fait pas exprès, pas consciemment en tout cas. C’est un phénomène assez mystérieux. Les jours où je suis de mauvais poil et où j’ai du mal à me supporter (il y en a souvent, surtout que je traverse une phase de grosse remise en question depuis l’an dernier), je me dis que la seule chose un tant soit peu importante que j’aie faite de ma vie, c’est ça – avoir créé cette étincelle-là. Je ne sais absolument pas comment je m’y suis prise, mais il semblerait que j’y sois parfois arrivée. Les jours où j’ai le moral encore plus fluctuant, j’ai tendance à me dire que le meilleur de moi se trouve dans mes livres et que je regrette, en tant qu’individu, de ne pas être à la hauteur. Je crois qu’avoir ce genre de réflexion a changé mon rapport à ce que créent les autres – quand je suis impressionnée par un livre, un film, un disque, j’ai conscience qu’il y a derrière une personne ordinaire, sans doute aussi paumée que je peux l’être, et qui ne sait peut-être pas davantage que moi comment elle a fait ça.

  

Ce qui me ramène à une autre réflexion liée à celle-ci (vous suivez toujours à peu près ?). En tant que spectatrice/lectrice/auditrice, j’ai une tendance monomaniaque. Je ne sais pas pourquoi, parfois, une œuvre va coller de manière aussi parfaite à l’humeur du moment, au point qu’un étrange dialogue s’instaure. Je suis de nouveau dans une de ces périodes, depuis que l’album No, Virginia des Dresden Dolls est entré chez moi le mois dernier et que je ne peux quasiment rien écouter d’autre – à part les deux autres albums du groupe. Je suppose que l’organisation de l’interview d’Amanda Palmer dès la semaine suivante, qui m’a poussée à farfouiller sur le Net en quête d’infos sur le groupe, a accentué le truc. Toujours est-il qu’en ce moment, rien d’autre ne me parle autant. Du coup, quand je fais des pauses entre deux pages de traduction, je me retrouve en train de chercher des vidéos des Dresden Dolls sur YouTube, de lire le blog d’Amanda ou d’explorer les paroles de ses chansons. C’est toujours un plaisir particulier de découvrir une réelle profondeur dans les textes d’un groupe dont la musique nous emballe. Je suis vraiment impressionnée par la plume d’Amanda Palmer, son humour très noir mais jamais méchant, souvent teinté de tendresse, ses métaphores très imagées (j’aime particulièrement celle-ci qui me fait bien marrer dans Mandy goes to med school : « Giddy as a gang banger with a set of sutures where his magic johnson ought to be »). Je ne peux qu’admirer quelqu’un qui manie aussi parfaitement le bizarre et l’absurde que l’émotion sincère. Les chansons que je préfère sont les plus drôles et/ou les plus énergiques (Girl anachronism, Night reconnaissance, Lonesome organist rapes page-turner), mais parmi les plus poignantes, certaines me prennent vraiment aux tripes (Half Jack, Boston ou encore The Gardener qui m’obsède en ce moment comme le font les chansons qui finissent tôt ou tard par m’inspirer des nouvelles).

 

Le clip de Night reconnaissance avec des nains de jardin dedans
(et le pire, c’est que ça correspond aux paroles)

En bref, je suis de plus en plus fascinée par le personnage, par l’intelligence et l’habileté de ses textes, par son énergie, son côté exubérant, même par la manière dont elle arrive à être vulgaire avec une certaine classe (par exemple dans sa façon de jurer, qui m’a beaucoup amusée pendant l’interview). Et j’aime la façon dont elle se dévoile dans son blog, qui est un des plus intéressants que je connaisse. Le ton est souvent très drôle, très personnel en tout cas, on y voit l’individu se dessiner en filigrane. Les anecdotes sont souvent savoureuses, par exemple lorsqu’elle raconte sa récente opération des cordes vocales et les deux semaines au cours desquelles elle a dû rester sans parler. Parfois, elle s’y dévoile d’une manière extrêmement touchante – je pense à une entrée plus ancienne que j’ai lue il y a quelques jours, où elle parle d’une lettre remise par un jeune fan après un concert et qui l’avait profondément troublée. Non seulement sa manière d’en parler est très belle, mais je ne peux qu’admirer cette capacité à se mettre à nu de cette façon. C’est curieux, mais autant je n’ai aucun scrupule à glisser des éléments très personnels dans mes textes, au point que certains sont quasi autobiographiques, autant j’aurais du mal à le faire de manière aussi directe sur un blog. Il y a déjà trop de choses pas reluisantes que j’essaie de ne pas montrer à mes amis et collègues, autrement que par le biais de la fiction. Pour ça aussi, l’écriture est précieuse, dans la façon dont elle permet de transformer ce qu’il y a de mauvais en soi en quelque chose de positif (faute de meilleur terme).

  

J’imagine que c’est ça, à son tour, qui permet ce phénomène d’adéquation dont je parlais plus tôt : en tant que lecteur, savoir que quelqu’un d’autre a parfois eu certaines pensées honteuses ou éprouvé certaines choses dont on hésite à parler, et qu’il a réussi à les mettre en mots. Dans les moments de déprime, je me passe parfois la chanson de Joni Mitchell intitulée Don Juan’s reckless daughter : à travers l’image d’un aigle et d’un serpent, elle met en scène les contradictions de l’être humain, tiraillé entre le corps et l’esprit, les sens et la raison. J’ai toujours trouvé apaisant de savoir que quelqu’un avait su mettre en images ces choses-là de cette façon. Je savais qu’on pouvait en parler avec angoisse, peut-être avec colère, mais pas avec cette espèce de lucidité tranquille que je trouve magnifique. Ça m’est précieux de savoir qu’une personne au moins a su le dire comme ça.

   

Et j’en reviens à ma question de départ sur cette adéquation qui se produit parfois avec une œuvre. Qu’est-ce qu’on y cherche exactement ? Qu’est-ce que je cherche en ce moment dans la musique des Dresden Dolls, qu’est-ce que je cherchais l’an dernier dans l’un des albums de Jesse Sykes, qu’est-ce que je cherche dans les livres de Nancy Huston ou de Stephen King ? Peut-être simplement une réponse à des questions que je n’arrive pas à formuler. J’ai l’impression qu’il y a de ça dans le rapport très fort qu’on noue avec certaines œuvres : non seulement savoir que quelqu’un d’autre a déjà ressenti ça et a su le dire, mais peut-être se laisser convaincre, brièvement, que les réponses à nos questions sont là. En faisant semblant d’oublier que les gens qui ont créé cette œuvre sont aussi paumés que nous. Finalement, ce n’est pas si loin du besoin qu’ont les enfants de croire que les adultes savent tout – on a toujours besoin de croire que quelqu’un, quelque part, a réponse à tout. Même quand on sait que ce n’est pas vrai, on fait semblant.

  

Tout ça pour dire que cette problématique me fascine depuis un bon bout de temps sans que j’arrive réellement à la formuler. Je crois que l’intérêt que je porte au blog d’Amanda Palmer depuis quelques mois me renvoie à ça. J’ai l’impression de me trouver des deux côtés à la fois. Je suis d’une part l’auditrice qui en apprend un peu plus sur la personne qui crée ces chansons incroyables, et d’autre part l’auteur qui cherche toujours à savoir comment ça se passe pour les autres. Ce qui se passe dans leur tête quand ils créent, comment ils gèrent tel ou tel aspect auquel j’ai pu être confrontée. Quel rapport ils entretiennent à leur création et aux gens qui la reçoivent. Là, je parle d’une personne qui a au moins mille fois plus d’auditeurs que je n’ai de lecteurs, donc ce n’est pas du tout le même cas de figure, mais il m’est arrivé de vraiment me reconnaître dans certaines choses qu’elle a écrites sur le sujet (par exemple le fait d’avoir perdu en partie son enthousiasme pour la musique qu’elle écoute parce que « ça lui rappelle le boulot »). C’est comme lire Stephen King parlant de son expérience dans Ecriture : c’est dit avec une telle simplicité que toute personne ayant ne serait-ce que tenté d’écrire un jour s’y reconnaît forcément. Pour ça aussi, c’est agréable de savoir que quelqu’un d’autre a dit ces choses-là.

  

Fin de cette entrée particulièrement longue et décousue. Je ne suis pas sûre d’avoir réussi à dire ce que je voulais. Mais ce rapport un peu schizo à la création, « être des deux côtés à la fois », est pour moi un des aspects les plus intrigants et les plus passionnants que j’ai découverts depuis que je publie. D’ailleurs, pour la petite histoire, il y a dix ans ce mois-ci que j’ai écrit « Le nœud cajun » qui allait devenir mon premier texte publié. Il s’en est passé des choses pendant tout ce temps.

 

Pour ceux qui se poseraient la question, le titre de cette entrée est un clin d’œil à Ultima Esperanza, l’une des chansons de l’album No, Virginia des Dresden Dolls. Je crois que ce jeu de mots débile s’imposait.

 

 

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Nice ou la quatrième dimension

(Entrée postée sur MySpace le 01/07/08)

Je ne sais pas si c’est l’effet Twin Peaks/Amanda Palmer de la semaine dernière mais je viens de passer un week-end particulièrement space lors du festival du livre de Nice. Je crois qu’en matière de bizarrerie pure, on a battu des records – et pourtant, je vais avoir du mal à expliquer pourquoi. En tout cas, l’expérience aura suscité pas mal de fous rires avec mon voisin Pierre Pevel. Au passage, c’est toujours un plaisir de faire des salons et dédicaces avec Pierre : non seulement il est adorable, mais il me fait vraiment marrer quand il part en mode « nuisible » et qu’il en rajoute exprès dans la mauvaise foi – vous voyez le petit diable perché sur l’épaule du capitaine Haddock ? C’est pareil. Il faudra que je me penche un jour sur ses Lames du cardinal, le prologue et l’idée sont assez intrigants (et je garde un bon souvenir des Ombres de Wielstadt que j’avais lu il y a quelques années).

Sur le salon lui-même, rien à redire : organisation hyper efficace, libraires très accueillants, cadre très sympa puisqu’on était installés sous des tentes en extérieur. En plus, comme il y a beaucoup d’auteurs invités dont pas mal de vedettes (du style Richard Bohringer, Marc Lévy, etc), le festival fait les choses en grand. Inutile de dire qu’on a très bien mangé et qu’on était vraiment bien logés. Ce n’est pas souvent que je me retrouve hébergée dans des quatre étoiles et je n’en ferais pas une habitude même si j’avais les moyens, mais une fois de temps en temps, c’est agréable. Pour ce genre de raisons, j’adore prendre le petit déjeuner à l’hôtel alors que je n’en prends jamais chez moi, ça fait partie du truc (et encore, celui-là était beaucoup moins impressionnant que celui de l’hôtel de Genève où on avait logé pendant le Salon du Livre – et où j’ai vu pour la première fois de ma vie des sushi et de la soupe miso dans un buffet de petit déjeuner).

  

Donc, entre ça, le climat et les chouettes rencontres qu’on a faites sur place, c’était plutôt agréable dans l’ensemble. Sauf que, comme c’était la première fois que je venais à Nice et comme je n’ai quasiment jamais mis les pieds dans le coin, je ne savais pas à quoi m’attendre. La ville elle-même est plutôt belle, un peu chaotique au niveau architectural mais avec une variété intéressante. Par contre, l’aspect hyper clinquant et friqué m’a mise assez mal à l’aise. Je crois que j’ai rarement visité une ville où je me sente aussi peu dans mon élément (cela dit, j’admets que je n’en ai vu qu’une partie, et de manière superficielle). Note : la prochaine fois que j’irai voir mes parents, penser à feuilleter Le Tour de Gaule d’Astérix, je sens que le passage sur Nissa et la « Promenade des Bretons » me fera bien marrer.

 

S’est ajoutée à ça une bizarrerie ambiante assez difficile à définir mais qui a fini par prendre des proportions croquignolettes. Une de mes voisines, régulièrement invitée à ce salon, m’a dit que ça l’avait frappée elle aussi cette année. C’était surtout une succession de petits détails. D’abord des images juste un peu marrantes, comme ces deux femmes dont chacune portait dans ses bras un caniche coiffé d’une casquette – individuellement, je ne les aurais pas remarquées, mais le côté sœurs siamoises était rigolo. Ensuite, l’impression de voir défiler des personnages qu’on aurait crus sortis d’un film de Lynch ou de Fellini. Des dames âgées couvertes de bagues, de dorures et d’une couche de maquillage tellement épaisse qu’on aurait dit des gargouilles. Un type barbu de petite taille qui est repassé plusieurs fois devant notre table en parlant tout seul ou en tapant dans ses mains avant de s’éloigner aussitôt – là, j’ai vraiment eu un écho d’un film de Lynch sans retrouver lequel. Impression renforcée par le fait que j’ai croisé un jeune homme (tout à fait normal au demeurant) qui parlait un peu comme Dick Tremayne, le soupirant « tête à claques » de Lucy dans la deuxième saison de Twin Peaks.

 

Parmi les autres détails contribuant au décalage, je me rappelle aussi un type qui me demande en italien quelles sont mes origines, puis cherche à savoir comment me contacter et me demande si je peux lui donner mon numéro de téléphone vu qu’il n’a pas Internet (inutile de dire que j’ai esquivé le truc). Et un passant qui a jeté un coup d’œil aux Lames du cardinal de Pierre et formulé un commentaire sibyllin avant de s’éloigner, commentaire qui nous a pas mal intrigués – on en a conclu que soit un élément du contexte nous échappait, soit le type avait cru que le livre (un roman de cape et d’épées avec des dragons dedans) révélait des vérités cachées, façon théorie du complot. Dans d’autres circonstances, on se serait dit qu’on avait mal entendu. Là, franchement, on n’était plus à ça près.

À part ça, j’ai passé un très bon week-end (si si, sans ironie). Quoique un peu crevant – je ne sais pas pourquoi j’ai de plus en plus de mal à récupérer quand j’accumule du sommeil en retard et que je ne peux pas prendre ma journée du dimanche pour dormir et glander. Ce n’est quand même pas le double effet kiss cool de la trentaine ? On va dire que c’est l’accumulation. J’avoue que même si j’adore ça, j’ai hâte de voir arriver la fin de la saison des salons. Il faudra que je trouve un moment pour finir de trier mes photos de Nice, j’en mettrai sans doute quelques-unes en ligne sur mon site.

 

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Amanda, you’re telling me a fairy tale

(Entrée postée sur MySpace le 25/06/08)

Je sais, je ne devrais pas être en train d’écrire une entrée de blog. J’ai du boulot en attente, une traduction à terminer (mais les finitions sont quasiment bouclées), une autre à faire avancer (ça ira mieux une fois l’autre traduction rendue), une nouvelle à terminer (je rame un peu, mais ça se construit petit à petit), j’ai perdu hier une journée de boulot à cause d’une interview dont je me souviendrai longtemps (voir ci-dessous) et ça fait deux semaines que je me promets de remettre à jour l’édito de mon site. Ce n’est pas tellement que je manque de temps (quoique), mais j’ai l’impression de me disperser. J’ai hâte d’avoir terminé tout ce qui n’est pas ma traduction en cours (Dime Store Magic de Kelley Armstrong) pour pouvoir m’y consacrer à fond. Le planning de signatures n’aide pas : j’adore ça, mais je ne peux pas m’empêcher de flipper en réfléchissant au nombre de jours de traduction que ça m’a fait perdre. Ça ira mieux quand j’aurai rendu cette traduction de Kelley Armstrong et que je pourrai souffler un peu.

Les signatures, donc… Très chouette week-end à Grenoble, chez Omerveilles, à l’occasion de la Fête de la Musique. Ambiance très conviviale, quoique un peu caniculaire (mon train ayant une heure de retard, je suis arrivée à Grenoble quelque peu ramollie par la chaleur). Quelques discussions très sympa avec des lecteurs (déjà, quelqu’un qui vient de me parler de ma nouvelle « Matilda » en me disant qu’elle lui a rappelé un concert de PJ Harvey, vous imaginez comme ça me fait plaisir). J’ai aussi récupéré sur place un exemplaire en anglais du Rose Madder de Stephen King que je n’ai pas encore lu. Et pour finir la soirée, une balade très sympa dans les rues de Grenoble en pleine Fête de la Musique avec Frédéric, le libraire, mon collègue traducteur Gilles Goulletet sa famille. On est montés en téléphérique jusqu’à la Bastille, ce qui n’a pas manqué de me faire marrer – pour la moi, la Bastille, c’est la place qui se trouve à dix minutes de marche de chez moi… Celle de Grenoble est très chouette, on y a une très belle vue de la ville. Par un soir d’été comme celui-là, c’était particulièrement agréable. J’essaierai de poster des photos sur MySpace et sur mon site dès que j’aurai un moment. Encore faut-il le trouver, le moment.

Prochaine étape : le salon du livre de Nice, de vendredi à samedi. Petit détail tout bête, c’est la première fois que je prendrai l’avion pour me déplacer en France – les seuls voyages en avion de ma vie d’adulte, c’était pour aller à Glasgow puis à Houston. Alors Nice, ça me fait bizarre. J’espère avoir un aussi beau temps qu’à Grenoble, je suis vraiment en manque d’ambiances de vacances estivales en ce moment. Les signatures suivantes, ce seront Kultima (le vendredi 4 et le dimanche 6 juillet, où je participerai aussi à des tables rondes) puis la librairie Labyrinthesde Rambouillet le 12 juillet. Ensuite, relâche en août (et là, j’ai les neurones qui crient « vacaaaaaaances » sur l’air du « braaaaaiiiiiiins » des zombies de série B).

 

Donc, le 21 juin, j’ai raté une journée organisée par mes potes du Cargo et qui avait l’air très sympa, mais je me suis fait la Fête de la Musique toute seule dans le train en m’écoutant en boucle le premier album des Dresden Dolls (et une bonne vingtaine de fois le tube Girl Anachronism dont je ne me lasse pas). Typiquement, c’est un groupe que j’ai découvert sur le tard avant de m’apercevoir que tout le monde autour de moi l’écoutait depuis un bail. Le Cargo leur avait déjà consacré une interview et plusieurs pages de photos. Moi, c’est mon amie Hélène qui m’a fait découvrir ça en décembre dernier et j’ai plongé à fond. Je me revois écroulée de rire à la première écoute de Coin-Operated Boy, dont j’adorais le côté absurde – avant d’écouter attentivement les paroles et de découvrir ce qu’il y a de poignant dans l’histoire de cette fille qui se console d’un chagrin amoureux en compagnie d’un automate. C’est typique de ce que j’adore dans les paroles d’Amanda Palmer : cette ambiguïté constante, cette capacité à écrire des textes qui parviennent à être drôles, tristes, inquiétants et/ou bizarres, tout ça à la fois. J’adore le son du groupe, ce mélange piano/batterie, j’adore la voix d’Amanda, son humour tordu, je suis bidonnée chaque fois que je lis son blog. En ce moment, j’écoute en boucle No, Virginia et je me marre en regardant le clip de Night ReconnaissanceAmanda Palmer et Brian Viglione kidnappent des nains de jardin pour faire des mises en scène. En bref, depuis six mois, je suis de plus en plus fan.

Vous imaginerez donc à quel point j’étais morte de trac hier matin à l’idée qu’à 11h30, j’allais interviewer Amanda Palmer dans un hôtel de Pigalle. Je crois que j’ai arrêté de flipper quand je suis montée à l’étage indiqué et que j’ai entendu sa voix à travers une porte fermée. Là, j’ai su que tout allait très bien se passer et que ce serait un très bon moment. Je crois que j’avais la trouille d’être déçue, comme souvent quand on rencontre des gens qu’on admire. Mais ce qui m’a frappée, c’est que je l’ai trouvée parfaitement identique à l’image que j’avais d’elle (peut-être en partie parce que j’avais vu une vidéo toute récente postée sur son blog et qu’elle y portait presque les mêmes vêtements). Le personnage est aussi marrant que je m’y attendais : très gentille et accueillante, très bavarde, elle parle vite et fort avec de grands gestes, imite des voix et jure comme un charretier avec beaucoup de classe. Je regrette qu’on n’ait pas pu filmer l’interview : je me marre vraiment en réécoutant certains passages, mais c’est beaucoup moins drôle à lire. On a un peu parlé entre autres de Twin Peaks (son album solo s’appelle Who killed Amanda Palmer ?) et de Neil Gaiman, et j’ai beaucoup aimé ce qu’elle disait en fin d’interview de son rapport à l’écriture de paroles et de l’interprétation qu’en font les gens. Résultat, j’ai passé le restant de la journée à retranscrire et traduire cet enregistrement de 26 minutes bien remplies.

L’interview est en ligne ici. Ça s’est un peu organisé à l’arrache, ça a failli tomber à l’eau, mais c’est un chouette souvenir. Je n’ai pas une grande expérience en matière d’interviews : j’en ai fait une poignée par e-mail, trois par téléphone (Maria Mochnacz, Lisa Tuttle et aussi Ken Low du groupe White Hotel), et trois seulement en face à face (Elysian Fields, Eleni Mandell et donc Amanda Palmer). Du coup, je me suis acheté lundi un dictaphone en catastrophe – question sur Twin Peaks oblige, je l’ai fatalement surnommé Diane. Je trouve l’exercice fascinant, ne serait-ce que par son côté imprévisible : on ne sait jamais quelles questions vont prendre ou pas, quelles pistes donneront les échanges les plus intéressants. Amanda m’a effectivement un peu surprise de ce point de vue, mais c’est vraiment un bonheur de l’interviewer. Maintenant, j’attends encore plus impatiemment son album solo à paraître en septembre et son concert à la Boule Noire le 23 octobre. En plus, la chanson Ampersand, dans la version live en écoute sur sa page MySpace, accompagne la rédaction de la nouvelle dont je parlais plus haut – le texte a été long à se débloquer et cette chanson m’a fourni l’un des déclics nécessaires.

Sur ce, je vous laisse, je suis en retaaaaaaaaard (réplique prononcée avec la voix du lapin d’Alice au pays des
merveilles
).

   

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