Blog - page 63

Dans le cyberespace, personne ne vous entend crier victoire

 

Je pensais me sentir plus légère en écrivant ces lignes, mais en fait je ne me rends pas encore bien compte.

 

Je suis une traductrice libre. Et en vacances pour une semaine.

(Note : essayer de ne pas trop penser pendant la semaine à venir qu’il n’y a pas de congés payés pour les traducteurs – c’est bien le seul truc que je regrette de mon ancienne vie de salariée.)

 

J’ai donc réussi à faire la peau à Dime Store Magic dans les délais impartis. Pas que le bouquin soit énorme ou très compliqué, mais j’ai dû le traduire en accéléré pour cause de planning pas mal bousculé par les salons de ces derniers mois, entre autres choses. Dans le même temps, j’ai réussi à boucler une nouvelle dont je croyais ne jamais venir à bout. Deux mois très productifs, mais comme je n’ai pas pu faire de pause depuis un bail, et comme j’ai l’impression d’avoir passé mon temps à courir partout depuis le mois de mars, il y a longtemps que je ne m’étais pas sentie aussi crevée.

 

Objectif numéro un : dormir.

Objectif numéro deux : glander.

Objectif numéro trois : ne pas penser au boulot pendant une semaine.

 

Je compte bien profiter de mon séjour familial et dunkerquois imminent pour faire tout ça, reprendre mes lectures interrompues il y a quelques semaines (Firestarter de Stephen King, les mémoires de Marianne Faithfull et quelques autres), le stock de DVD en attente (quelques Woody Allen, Desperate Housewives et un live des Dresden Dolls), peut-être profiter de la plage si le temps est un tant soit peu clément. C’est-à-dire que le temps clément, à Dunkerque, c’est plus une fiction qu’autre chose, mais la digue a son charme même par temps pourri (ce qui vaut franchement mieux pour elle).

 

Reprise des activités la semaine prochaine avec un nouveau Graham Joyce à traduire et un projet de nouvelle à essayer de développer dans les temps (là encore, c’est pour un appel à textes avec date limite).

 

Sur ce, je vous laisse, je sors prendre mon premier verre de traductrice libre. Y a des neurones qui demandent à être arrosés.

 

 

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Des mots, des images et un fauve en cage

Une entrée plus brève que les précédentes pour signaler que :

– Mon site est réparé, donc je viens de mettre en ligne la nouvelle dont je parlais l’autre jour. Ça s’appelle « Emily », c’est un de mes textes les plus courts (j’avais une contrainte de taille liée au support) et ça se trouve ici.

– Les photos de Tom Waits sont en ligne sur le Cargo. Pour l’anecdote, j’en avais posté quelques-unes sur Flickr et la photo sépia avec les paillettes a totalisé 100 visites hier, ce qui m’a un peu fait halluciner. Depuis que je poste des photos sur Flickr, aucune n’en avait reçu autant sur une seule journée. Même mes photos des Kills, qui m’ont ramené pas mal de monde (surtout celle-ci) étaient loin du compte. C’est d’ailleurs toujours instructif, et parfois assez rigolo, de regarder par quels tags ou quels liens les gens sont arrivés sur une photo. Me croirez-vous si je vous dis que mon tag le plus populaire depuis que j’ai ouvert ce compte, c’est « alison mosshart » sur les photos des Kills ?

A part ça, j’ai depuis hier la désagréable impression d’être un fauve qui tourne dans sa cage en attendant qu’on le laisse sortir. Bizarrement, après avoir bossé trois jours dans un nouveau contexte (et avec des gens) en début de semaine, j’ai du mal à retrouver mes habitudes de boulot normales, à savoir, rester enfermée chez moi sans voir personne. Et dans les périodes comme en ce moment où je ne peux pas me permettre de sortir avant d’avoir rendu ma traduction, c’est parfois… bizarre. Sans compter que fin juillet est toujours une période où le fauve en question a tendance à se réveiller, mais ceci est une autre histoire (il se rendort généralement début août). Enfin bref, libération dans cinq jours. Vivement mercredi soir. Note : penser à rentrer les griffes avant de sortir de la cage.

Sur ce, je vous laisse, j’y retourne.

Plus que cinq jours, plus que cinq jours…

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Histoire de légendes vivantes, de polkas familiales et de Jésus en chocolat

  

C’est une chance pour vous que ce blog ne soit pas sonorisé, sinon vous m’entendriez peut-être chanter en boucle Innocent when you dream, ce qui serait problématique dans la mesure où 1) je chante comme une casserole et 2) je connais très mal les paroles. La chanson m’a tourné dans la tête pendant une bonne heure au retour du Grand Rex. Faut dire que j’ai chialé toutes les larmes de mon corps (j’exagère à peine) en entendant Tom Waits l’interpréter juste après Tom Traubert’s blues. L’intensité de la réaction me sidère d’autant plus que ce sont deux chansons que j’ai finalement assez peu écoutées – Tom Traubert’s blues parce que je la trouve particulièrement déprimante, et Innocent when you dream parce que je connais encore mal l’album Frank’s wild years.

 

S’il y a en revanche un album que je connais sur le bout des doigts, c’est bien Rain dogs (que j’écoute en ce moment même – là par contre, c’est dommage pour vous que ce blog n’ait pas le son, parce que c’est une tuerie absolue). Alors quand le bonhomme a balancé d’emblée, dès le deuxième morceau, la chanson titre entrecoupée d’extraits de l’instrumental Russian dance… C’est là que j’ai eu les larmes aux yeux pour la première fois de la soirée. Et on a eu droit plus tard à Cemetery polka. Mais si, rendez-vous compte, Cemetery polka, le morceau le plus déjanté de Rain dogs, portrait d’une famille dont tous les membres sont plus déglingués les uns que les autres – entre les oncles radins, la vieille tante cinglée qui écoute de l’opéra à longueur de journée, l’oncle dont la maîtresse portoricaine a une jambe de bois, le vieux à qui il faut faire avouer où il a planqué le fric avant qu’il perde la tête pour de bon… Je ne saurais vous dire quel effet ça me fait d’avoir entendu ce truc-là en concert au moins une fois dans ma vie.

 

Et on a eu droit à Chocolate Jesus. Et Hoist that rag. Et All the world is green. Et Get behind the mule. Et Come on up to the house en clôture. Ça fait quelque chose de se prendre en pleine gueule des morceaux qui sont des classiques pour la plupart, de comprendre réellement pour la première fois leur statut de classiques, même quand ce sont des chansons qu’on a peu écoutées soi-même, comme Innocent when you dream pour moi – ça m’a fait quelque chose d’entendre le public reprendre le refrain quand Tom Waits lui a demandé de le chanter à sa place.

 

C’est la deuxième fois de ma vie que je vois en concert une légende vivante. La première fois, c’était Patti Smith. Dans des conditions très différentes puisque c’était cette fois-là dans une salle minuscule (le Nouveau Casino), depuis le premier rang, et je me rappelle avoir passé les dix premières minutes de ce concert-là complètement tétanisée parce que j’étais à un mètre de Patti Smith, tout contre la scène, et qu’elle venait de démarrer le concert par Break it up – qui, en plus d’être une de mes chansons préférées d’elle, est aussi une chanson un peu plus vieille que moi… Accessoirement, je n’ai été tétanisée que trois fois comme ça dans toute ma vie, les deux autres fois étant celle où j’ai rencontré PJ Harvey après un concert en 2004 et celle où je suis allée à une signature de Marianne Faithfull tout récemment. Fin de parenthèse.

 

C’était forcément très différent cette fois-ci, depuis le balcon du Grand Rex. Je suis toujours frustrée quand je suis placée trop loin de la scène pour voir clairement les expressions des artistes. Même si je reconnais que la vue était bien meilleure que je ne m’y attendais. Je regrette presque de ne pas avoir dépensé les 40 euros de plus qui m’auraient permis d’avoir une place d’orchestre (mais 100 euros, c’est déjà le prix le plus élevé que j’aie jamais mis dans une place de concert). Je suis moins rentrée dans l’ambiance que si j’avais été placée devant, mais c’était quelque chose. Rien que de pouvoir me dire que j’ai vu ce bonhomme-là en concert au moins une fois… Il est aussi cabotin que je m’y attendais, parfait dans son rôle de maître de cérémonie d’un petit cirque déglingué, il en fait des tonnes, raconte des histoires toutes plus absurdes les une que les autres – j’ai adoré celle où il énumérait toutes sortes de choses illégales à Paris, comme laver une voiture avec ses sous-vêtements ou donner des cigarettes aux singes. Il jette des paillettes dans les airs, soulève des nuages de poussière quand il marche. Il gesticule, il braille, chante dans un haut-parleur pour Chocolate Jesus. Et musicalement, bien sûr, c’est à tomber par terre du début à la fin. C’est là qu’on comprend réellement à quel point ce type-là est unique, à quel point son personnage, sa musique et sa voix hallucinante ont marqué l’histoire du rock, à quel point il y a dû y avoir un avant et un après Tom Waits.

 

Je terminerai de trier mes photos demain pour les mettre en ligne sur le Cargo (edit : elles sont maintenant en ligne ici). En tout cas, moi qui me traînais en partant de chez moi tout à l’heure (je commence vraiment, mais alors vraiment à saturer côté boulot), je suis sortie de là toute guillerette avec un grand sourire aux lèvres et Innocent when you dream qui me tournait dans la tête. Je suis contente de savoir que je pourrai dire désormais : au moins une fois dans ma vie, j’ai vu Tom Waits sur scène. J’espère que ce ne sera pas la dernière.


Je vous laisse avec une vidéo de Chocolate Jesus, juste pour le plaisir. 

 

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Immersion en milieu burelier

 

J’ai vécu aujourd’hui une expérience extrêmement bizarre. J’ai travaillé dans un bureau.

 

Plus précisément, j’ai déplacé mon « espace portable de traductrice qui peut bosser n’importe où » dans un coin de bureau gracieusement prêté par une amie à qui j’avais dit récemment avoir du mal à travailler chez moi – et qui avait justement de l’espace en rab. J’ai donc eu la curieuse impression de basculer dans un monde parallèle où j’avais déjà fait de brèves incursions (un stage au Reader’s Digest en 1998, pour ce qui est de la vie de bureau, et mes trois ans de standardiste en milieu hôtelier, pour la vie de salariée). Un monde où le temps est une donnée extérieure, immuable, et non pas un truc que je fabrique moi-même en fonction de ma bonne volonté et de ma motivation du moment. Un monde où le temps s’écoule d’ailleurs différemment, beaucoup plus lentement, et où l’on est traversé de pensées telles que « tiens, il est seulement 15h » en lieu et place de l’habituel « ah la vache, il est déjà 15h, dire que j’ai encore ça, ça et ça à faire avant 18h ».

 

Autre avantage du travail en milieu burelier (© Zézette épouse X) : pas moyen de céder au gros méchant coup de barre de 14/15h, horaire stratégique s’il en est. Je ne compte pas le nombre de fois où je me suis endormie chez moi sur mes traductions au stade de la relecture papier (une des raisons pour lesquelles je vais de plus en plus souvent travailler dans les cafés).

 

J’ai peut-être l’air de faire l’andouille mais je ne blague qu’à moitié : ça m’a frappée de constater à quel point c’est une expérience de travail différente, et pourtant, ça tient à très peu de choses. Ce n’est pas juste le fait de partager l’espace d’autres personnes en train de travailler (je fais ça de temps en temps quand je rends visite à des amis traducteurs hors de Paris), mais vraiment l’impression de retrouver un monde qui fonctionne selon des règles totalement différentes et que j’avais en partie oubliées. Même le simple fait de prendre le bus pour aller travailler, le gros coup de barre qui vous tombe dessus en sortant, le fait de se dire « la journée de boulot est finie pour de bon » en quittant les lieux, tout ça m’a fait remonter pas mal de souvenirs. J’imagine que ça ferait halluciner pas mal de gens si je leur disais que tout ça m’a finalement semblé très exotique. Je n’aimerais pas revenir à ce mode de vie de manière régulière, mais une fois de temps en temps, c’est agréable. En pleine période de gros coup de speed sur la traduction de Dime Store Magic remise dans neuf jours, je suis dans les temps , ça fait du bien de passer une journée sans avoir l’impression de courir après le temps et de devoir lutter contre ma tendance naturelle à l’inertie (je préfère écrire « inertie » plutôt que « fainéantise », ça fait un peu plus classe). À ce propos d’ailleurs, bonne résolution pour le mois d’août : dès la remise de la traduction, je m’accorde des vacances. Cinq jours minimum, peut-être même une semaine. Là, tout de suite, je ne rêve que d’une journée passée à lire et à glander.

 

Dans un registre plus classique par rapport à mes habitudes de traduction : si la phase de recherches intensives sur le Net (vocabulaire, termes techniques) conduit souvent à toutes sortes de cogitations bizarres et associations d’idées improbables, ne me demandez pas comment des recherches sur des termes liés aux enterrements m’ont poussée l’autre soir à chercher des articles sur l’actrice et cinéaste Christine Pascal. À l’époque (lointaine) du lycée, j’avais adoré son film Le petit prince a dit, dans lequel un couple divorcé affronte à sa façon la mort imminente de sa petite fille atteinte d’une tumeur au cerveau. Le film avait été remarqué à l’époque pour son approche délicate, pudique et inhabituelle du sujet. J’avais aussi, voire surtout, été marquée par le décès de Christine Pascal en 1996 – apprendre non seulement sa mort, mais le fait qu’elle se soit suicidée lors d’un séjour en hôpital psychiatrique. Ça ne collait pas à l’image plutôt tranquille, et forcément superficielle, que j’avais du personnage, et j’étais encore assez jeune et naïve pour ne pas comprendre que les « gens vus à la télé » sont aussi ordinaires et aussi paumés que nous autres. Curieux comme le fait d’y repenser l’autre soir a fait remonter des souvenirs, ceux d’un été bizarre où je traînais une vague déprime sans comprendre pourquoi, où je me rappelle avoir écouté en boucle le Rid of Me de PJ Harvey en me baladant dans les rues de Dunkerque, faute d’avoir grand-chose à faire de mes journées. Et l’annonce du suicide de Christine Pascal un midi aux infos, fin août, comme un électrochoc qui m’avait bizarrement sortie de ce gros vague à l’âme juste avant la rentrée. Au cours de ma vie, il n’y a eu que trois artistes dont la mort m’a vraiment remuée (j’y ajouterais peut-être celle des actrices Katrin Cartlidge et Charlotte Coleman – la Scarlett de Quatre mariages et un enterrement – mais ce n’est pas tout à fait pareil). Dans ce cas précis, je ne sais toujours pas pourquoi, d’autant que c’est la seule des trois que je n’avais jamais vue « en vrai », les deux autres étant des musiciens vus en concert : d’abord Elliott Smith, puis Grant McLennan des Go-Betweens Grant McLennan, je l’avais aussi rencontré brièvement à deux reprises. Allez savoir si ça tient à l’attachement que j’avais pour son film, au fait qu’elle soit née comme moi un 29 novembre, ou à une histoire de rencontre ratée que je regrette avec le recul. Elle était venue à Dunkerque présenter Le petit prince a dit, je n’avais pas pu m’y rendre, je me rappelle lui avoir envoyé une lettre à l’adresse du cinéma où avait lieu la rencontre, dans laquelle je lui disais (de manière sans doute très naïve) à quel point son film m’avait touchée. Je n’ai jamais su si le courrier était arrivé à bon port et je me demande de toute façon si c’était souhaitable.

 

Et voilà comment on perd une demi-heure de boulot en faisant des recherches qui n’ont rien à voir avec la traduction en cours. Pas moyen de trouver sur le Net un extrait vidéo du Petit prince a dit. Ni des autres films de Christine Pascal, que je n’ai toujours pas vus malgré ma curiosité. Je me demande même combien d’entre eux sont disponibles en DVD. C’était vraiment très bizarre, cette demi-heure de recherches l’autre soir, comme un bond de douze années en arrière dans le temps.

 

Sur une note plus légère, j’espérais profiter de cette entrée pour annoncer la mise en ligne sur mon site d’une nouvelle très courte, « Emily », parue en mai dans le supplément spécial Imaginales de La Liberté de l’Est et de L’Est Républicain, mais je dois remettre à plus tard pour cause de bug dû au changement de serveur de nooSFere (qui héberge mon site). Les petits gars de nooSFere ont fait un sacré boulot et le nouveau site est d’une rapidité impressionnante comparée à l’ancien, mais il reste quelques petits accrocs. Dès que c’est réparé, je m’occupe de la mise en ligne de la nouvelle.

 

Et sinon, Tom Waits au Grand Rex, c’est dans trois jours.

 

  

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Rambouillet, tout le monde descend

Cette fois ça y est : fin de la saison des signatures en attendant la reprise en septembre. J’avais un peu hâte d’en voir le bout mais je sais que je serai très vite impatiente de m’y remettre. En 2005, après la sortie d’Arlis des forains, je me rappelle avoir éprouvé un pincement quand la période de promo avait pris fin et que j’avais vu mes camarades de Bragelonne (Erik Wietzel, Henri Loevenbruck, Anne Guéro (Ange) et Jérôme Camut) continuer les signatures sans moi.

 

Aujourd’hui, c’était donc la librairie Labyrinthes de Rambouillet, qui organisait un mois de rencontres et d’événements autour de la fantasy. Déjà, une signature dont je rentre avec un doggy bag rempli de nounours en guimauve et de bonbons qui piquent ne peut que s’être bien passée. (On n’en parle pas assez mais c’est un aspect capital de ce genre d’événements – j’étais présente le jour où mon estimé collègue Francis Berthelot, lors d’une dédicace commune à la librairie Scylla, a goûté pour la première fois aux fraises tagada et aux crocos Haribo, qu’il a trouvés infâmes – fin de la parenthèse alimentaire.) Pas mal de discussions sympa avec l’équipe de la librairie, on a parlé en vrac de séries télé (de Buffy aux 4400 en passant par plein de trucs alléchants que je n’ai pas vus), de musique (Nick Cave, Patti Smith, tout ça), d’Eternal sunshine of the spotless mind, de la trilogie À la croisée des mondes, enfin bref, j’étais dans mon élément. Ça fait toujours vraiment plaisir de rencontrer des libraires aussi passionnés par ce qu’ils font. À propos de la trilogie de Philip Pullman, j’ai constaté que je n’étais pas la seule à avoir immédiatement pensé à l’ours en armure Iorek Byrnison en voyant la sculpture que j’ai photographiée à Lyon et mise en ligne sur mon site (ici).


Sinon, quelque chose m’a intriguée. Une dame venue acheter tout autre chose s’approche pendant qu’on parlait de Nancy Huston et notamment de son Journal de la création – visiblement, elle aussi est fan. En voyant mon nom, elle me demande si je ne suis pas passée à la radio récemment. Comme elle parle de France Inter ou France Culture, ça me fait penser à Mauvais genres, sauf que je n’y suis passée qu’en 2003. J’ai bien enregistré une interview pour la radio récemment mais pour une autre chaîne, donc j’ai cru qu’elle confondait avec quelqu’un d’autre, jusqu’à ce qu’elle me cite une anecdote qu’elle se rappelait de l’émission et qui était effectivement quelque chose que j’ai pu dire en interview. Intriguée, je suis. Sur le moment, ça m’a fait le même effet que si j’apprenais qu’une partie de moi se détachait pour mener une vie parallèle et faire des trucs à ma place. Je me demande si mes neurones quelque peu débordés ces temps-ci ne commencent pas à tout mélanger voire à effacer des événements. (Note : à l’instant où je tape ces mots, je viens de me goinfrer le dernier nounours à la guimauve du doggy bag. Je peux reprendre une activité normale.) Il faut dire que le temps a passé en accéléré depuis février. Il y a eu les différents salons mais aussi pas mal de petites choses qui m’ont donné l’impression de courir après le temps en permanence – trois nouvelles que je m’étais engagée à écrire, pas mal d’e-mails tournant autour des livres et/ou de la promo et auxquels je répondais avec de plus en plus de retard, plus le boulot sur les traductions en cours… Pour tout vous dire, j’ai même arrêté de jouer à World of Warcraft depuis deux ou trois mois, c’est un signe.

 

Mais quand j’y pense, cette série de dédicaces s’est caractérisée par une remarquable absence de plans foireux. Il y en a eu de plus calmes que d’autres mais aucune où je regrette d’être allée, aucune organisée par une équipe qui ne savait pas trop qui elle invitait ni pourquoi (j’ai déjà connu ça), aucune de celles où on s’emmerde seul derrière sa table en regardant passer les gens. Je ne sais pas si c’est grâce à un coup de bol, ou parce que Bragelonne a particulièrement bien ciblé les salons, ou un peu de tout ça à la fois, mais c’est suffisamment rare pour être signalé.

 

La page étant tournée pour cet été, je vais pouvoir me remettre sérieusement au boulot. Le petit inconvénient de cette période de promo, c’est que ça a bousculé mon planning de traduction. Aussi bien en me faisant perdre des jours de travail qu’en contribuant par moments à me déconcentrer (j’y arrive très bien toute seule, mais disons que ça n’a pas aidé). Or, j’ai une traduction à rendre sans faute à la fin du mois. Et je ne suis pas hyper en avance. Donc ça va être le marathon d’ici là. Si je réduis mes sorties, si je fais des heures sup en soirée et surtout si j’arrive à ne pas me lever trop tard le matin, c’est jouable. Mais ça va être sport. Je ferai sans doute une pause juste après, début août (séjour en famille et/ou chez des amis). Ça m’arrange finalement que ce gros coup de speed tombe sur une traduction de Kelley Armstrong : d’une part, je suis déjà familiarisée avec cette série et je m’y sens plutôt à l’aise (j’ai traduit Morsure et Capture déjà publiés chez Bragelonne), d’autre part, ce n’est pas extrêmement compliqué. Le style est simple mais très maîtrisé, donc agréable à traduire, surtout que les dialogues sont souvent savoureux. Kelley Armstrong a un sens de l’humour et de la répartie qui me fait bien marrer. J’aime particulièrement ses sorcières décrites comme un tas de vieilles bonnes femmes qui organisent leurs réunions dans la salle communale d’un bled paumé en faisant payer le café et les beignets – limite réunion Tupperware. Ce n’est pas une littérature extrêmement ambitieuse mais c’est très distrayant et surtout bien vu, avec un sens du détail très développé (beaucoup de références à des films ou émissions de télé par exemple, c’est très ancré dans la vie quotidienne). Kelley Armstrong arrive en plus à créer des personnages vivants et qui sonnent juste. J’avais été particulièrement touchée par la quête d’identité d’Elena, partagée entre sa nature de loup-garou et son envie désespérée de mener une vie normale dans Morsure. Et j’adore Clay, son amant loup-garou, ancien enfant sauvage qui en a gardé un côté totalement animal qui en fait un personnage passionnant. Aucun des deux n’apparaît dans Dime Store Magic, qui met en scène la sorcière Paige déjà rencontrée dans Capture, mais j’aime beaucoup les possibilités qu’offre ce changement régulier de narrateurs au cours de la série. Donc, quitte à passer un moment en immersion totale dans une traduction, autant que ce soit chez Kelley Armstrong.

 

Bonne résolution pour ce dimanche : me lever pas trop tard et me consacrer aux corrections de deux nouvelles en attente. D’abord « Swan le bien nommé » écrite l’hiver dernier pour une antho et qui attend un dernier coup de plumeau (ça devrait aller vite). Ensuite mon dernier texte en date, pour lequel je n’arrive pas à trouver de titre définitif. Il s’appelle actuellement « Le jardin des silences » mais je ne suis qu’à moitié convaincue. Il y a des maladresses à gommer, quelques aspects à modifier ou renforcer, rien qui nécessite un retravail en profondeur mais ça devrait bien remplir ma journée. Après ça, je ne m’occupe plus que de la traduction de Dime Store Magic jusqu’à la fin du mois. Enfin j’espère.

 

Je terminerai par la rubrique musicale du jour. Un peu déçue, mercredi dernier, par le concert des Kills au Palais de Tokyo. Ça tenait sans doute plus à mon état d’esprit qu’au concert lui-même, sur lequel j’ai entendu des avis très divers. J’étais légèrement contrariée par la chaleur étouffante, par le fait d’être un peu plus loin que je ne l’aurais souhaité (même si, soyons honnête, j’étais quand même au premier rang), par le fait d’être en train de rater mes photos (visibles ici) pour cause d’éclairage faiblard. Plus probablement, j’étais encore sous le choc de leur Black Session hallucinante du mois dernier (compte-rendu ici). Deux ans que j’attendais de les voir sur scène et j’avais bien reçu ce jour-là le choc attendu : du pur rock’n’roll, énergique à souhait, habité par une tension quasi sexuelle (renforcée par le jeu de scène très suggestif de Jamie Hince et Alison Mosshart), qui donnait une envie irrésistible de danser et de sauter partout. J’avais été impressionnée par la présence de ces deux-là – le charisme animal d’Alison, le jeu de guitare fascinant de Jamie que j’observais de très près (j’étais pile en face de lui avec les yeux au niveau de sa guitare). Je n’ai pas retrouvé cette intensité au Palais de Tokyo, mais je me demande si on n’est pas fatalement déçu la deuxième fois. Pas grave, j’y retournerai quand même. Et je continuerai à me passer en boucle Midnight Boom qui est un des meilleurs albums que j’ai entendus cette année. Au passage, la nouvelle au titre incertain dont je parlais ci-dessus doit énormément à la musique des Kills et à leur chanson Rodeo Town en particulier.

 

Avec tout ça, il faudrait aussi que je trouve un moment pour rapatrier d’autres entrées du blog MySpace vers celui-ci et compléter la rubrique des liens (au lieu de passer mon temps à modifier la playlist Last.fm pour nourrir le juke-box ci-contre). Demain sera un autre jour, etc, etc.

 

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