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Bon chic mauvais genre

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Quand on participe régulièrement à des festivals, salons ou autres rencontres, il se produit de temps en temps quelque chose de très fort, au-delà de la seule qualité de l’accueil et de l’organisation. Quelque chose qui tient plutôt de l’alchimie : les bonnes personnes qui se croisent au bon endroit au bon moment pour créer de beaux souvenirs qui ne vous quitteront plus.

L’édition 2015 de Mauvais Genres, à Tours, était de ces événements-là. En partie par sa durée, peut-être ; en six jours, on a le temps d’apprendre à connaître un peu ceux qui deviennent, l’espace du séjour, comme une petite famille. Il s’en passe des choses, en six jours. Des rencontres, des découvertes, des sourires, des attentions et des fous rires, des conversations au petit déjeuner, des échanges d’impressions au terme des projections, des problèmes techniques réglés dans la bonne humeur, des private jokes qui vous tiennent plusieurs jours. Une équipe aux petits soins avec tous les participants, une chambre d’hôtel terriblement classieuse, Il était une fois en Amérique redécouvert sur grand écran en ouverture, des séances photo plus ou moins sérieuses et plutôt moins que plus, des dédicaces et de la pêche aux DVD dans l’enceinte du Village Mauvais Genre, des dialogues en espagnol improvisés par un des jurés pour pallier les problèmes de son, une conversation sur les titres français et allemand des Dents de la mer qu’on retrouvera quasiment telle quelle dans un film en compétition. À l’heure des repas, tous se rencontrent et se mélangent, discutent à la même table où se côtoient organisateurs, cinéastes invités, bénévoles ou jurés, sans étiquettes ni barrières, en toute convivialité. La cuisine est délicieuse et, cerise sur le gâteau, généreuse en options végétariennes.

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Et bien sûr il y a les films eux-mêmes : une sélection riche et variée, des coups de cœur, des discussions, des désaccords. Pendant ce temps, au sein du jury, on sympathise, on apprend à se connaître, on découvre nos différentes approches et nos différents regards : celui des comédiens (Francis Renaud et Aurélia Poirier), du réalisateur (Till Kleinert), de la journaliste (Christine Masson) et de la scribouillarde qui vous parle. On s’amuse parfois à anticiper ce que les autres auront pensé de tel ou tel film. On craint une délibération houleuse au vu de certaines divergences pour s’étonner finalement de tomber si vite d’accord. Der Bunker, comédie allemande absurde, grinçante et jubilatoire de Nikias Chryssos, s’impose comme notre prix du jury. Une mention spéciale sera accordée à The Returned du cinéaste argentin Iván Noel, drame hypnotique et violent à la lisière du fantastique, qui fascine autant qu’il dérange, qui divise et heurte parfois, mais qui ne vous lâche plus ensuite. Pour les courts-métrages, seront primés deux films aux antipodes l’un de l’autre, The Stomach de Ben Steiner côté fiction, Les Pécheresses de Gerlando Infuso côté animation, le premier aussi barré que le second est visuellement splendide.

La cérémonie de clôture semble passer en un clin d’œil, liaisons Skype comprises avec les cinéastes primés, mais l’euphorie s’attarde. On se retrouve tous lors d’un after à l’hôtel qui se transforme en salon de tatouage improvisé (en témoigne l’ours au marqueur qui me décore encore l’avant-bras, clin d’œil au premier film de la compétition). On y trinque, on y fait les andouilles, on regarde les autres danser, on traîne encore un peu pour retarder le moment de dire au revoir à tous ces visages qu’on s’apprête à quitter. Une fois rentré chez soi, on garde contact, on échange encore un peu pour prolonger le moment. Et on rédige quelques lignes maladroites pour écrire noir sur blanc toute la gratitude qu’on porte à nos compagnons de ces quelques jours.

Merci encore à chacun d’entre vous qui étiez là. Je ne citerai pas de noms par peur d’en oublier, mais vous saurez vous reconnaître. C’était un vrai bonheur de partager ces six jours-là avec vous tous.

(Photos de Magali Sabio. Vous en découvrirez beaucoup d’autres sur sa page Facebook)

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