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Contes du Tardis et de fusées

 

Il y a toujours quelque chose d’improbable à débarquer un beau matin chez Gallimard pour y signer une soixantaine de services de presse. Ça ne fait pas partie des choses auxquelles on s’attend quand on commence à publier, à plus forte raison quand on se spécialise dans la littérature de genre. Le compte à rebours pour la sortie en poche d’Arlis des forains est lancé : il sera en librairie le 2 septembre. En attendant, le rendu de la couverture signée Bastien L. est magnifique. J’ai vu aussi un très bel essai de couverture pour Notre-Dame-aux-Ecailles, signé par le même. Neuf jours après Arlis, le 11 septembre, paraîtra chez Ad Astra l’anthologie Contes de villes et de fusées dirigée par Lucie Chenu, qui contient entre autres choses ma nouvelle « Swan le bien nommé ».

 

 

 

Deux semaines que j’ai plongé dans l’univers de Doctor Who et j’ai du mal à ordonner mes réactions pour en parler. Je sais seulement une chose, une évidence : j’ai trouvé ma nouvelle série préférée. J’adore quand une véritable rencontre se produit avec une série, comme avec Buffy il y a quelques années, comme avec X-Files plus loin dans le temps. J’adore retrouver ce sentiment d’addiction, ce moment où l’on termine sa journée de boulot en se préparant à savourer les épisodes du soir. Plus que les séries construites sur le modèle du feuilleton, j’adore celles qui commencent par poser un concept de base (une lycéenne qui traque les vampires, un bureau des affaires non classées, un extraterrestre qui voyage dans le temps et l’espace) et définir des règles pour mieux s’en éloigner ensuite. Je n’avais jamais fait le rapprochement, mais c’est quasiment le même plaisir que la lecture d’un recueil de nouvelles : chaque début d’épisode ouvre sur un nouvel univers, une nouvelle variation possible.

 

nullDe fait, Doctor Who n’est jamais meilleur que quand il s’aventure loin de la formule de base. Un scénariste semble particulièrement doué pour l’exercice : Steven Moffat, qui ne signe dans un premier temps qu’un ou deux épisodes par saison – mais ce sont ceux que tout le monde se rappelle. Il prendra ensuite les commandes de la saison 5, mais je n’en suis pas encore là. J’ai déjà mentionné son épisode « The Empty Child », histoire d’un enfant mutant particulièrement inquiétant sur fond de bombardement de Londres. On lui doit aussi « The Girl in the Fireplace », peut-être mon épisode préféré pour l’instant, celui qui m’aura fait pleurer à chaudes larmes pendant dix bonnes minutes. Tout repose sur deux idées, l’une simple et très belle, l’autre tellement absurde qu’elle en devient géniale. On y croise Madame de Pompadour et de splendides robots muets, on y voyage dans le temps, et l’on regarde des histoires entremêlées s’acheminer vers une conclusion qu’on devine tragique. Je crois que c’est ce que j’ai vu de plus beau dans une série depuis longtemps. Et puis une saison plus loin, il y a l’indescriptible « Blink » à l’ambiance étrange et à la construction assez osée. J’attends impatiemment les prochains épisodes signés Moffat. Encore un point qui me renvoie à Buffy et X-Files : là aussi, j’avais mes chouchous parmi les scénaristes, respectivement Jane Espenson pour la finesse psychologique de ses histoires et Darin Morgan à l’univers sérieusement barré.

 

Que dire d’autre sinon que David Tennant succède magnifiquement à Christopher Eccleston, que les personnages de Rose et Jackie Tyler me manquent déjà, que j’aime la façon dont la série convoque une imagerie fantastique (fantômes, sorcières et loups-garous) en les justifiant par des explications de SF, que les questionnements sur l’humanité, le devoir ou la solitude sont particulièrement touchants, que j’ai hâte de finir chaque saison pour mieux percevoir la série dans son ensemble… Outre les épisodes atypiques dont je parlais, j’ai un faible pour les épisodes historiques souvent savoureux. Celui sur la Reine Victoria à qui l’on essaie de faire dire « We are not amused » pour gagner un pari, et surtout celui sur Shakespeare que je conseille particulièrement à mes amis traducteurs : on ne peut pas pratiquer ce métier sans développer un « radar à citations », et cet épisode devrait les amuser. Si l’élément SF de cet épisode est un peu tiré par les cheveux, la théorie sur la puissance du langage me rappelait furieusement le roman de José Carlos Somosa, La Dame n°13. Et comment ne pas être fan d’une série qui réussit à citer Harry Potter en plein milieu d’un épisode sur Shakespeare ?

 

   

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